par Eric Onstad

LONDRES, 1er octobre (Reuters) - Le fonds American Industrial Partners a annoncé vendredi l'acquisition de la fonderie d'aluminium de Dunkerque, la plus importante d'Europe, après un défaut sur sa dette d'une filiale de GFG Alliance, le conglomérat de l'homme d'affaires Sanjeev Gupta.

GFG peine à refinancer son écheveau de filiales présentes dans l'aluminium, l'acier et l'énergie depuis que son principal soutien financier, Greensill, s'est déclaré en faillite en mars.

AIP a déclaré que l'acquisition de la fonderie de Dunkerque était la conséquence d'une saisie d'actions qui lui avaient été apportées en garantie dans le cadre d'un mécanisme de financement mezzanine.

GFG conteste cette version et affirme qu'il défendra ses intérêts.

Après avoir annoncé en juillet un accord avec le géant des matières premières Glencore pour le refinancement de la dette de sa filiale dans l'aluminium, GFG a déclaré vendredi qu'il avait proposé de rembourser AIP.

"Au lieu de cela, AIP s'est servi de son prêt (...) pour orchestrer une reprise d'actifs bien en dessous de la valeur de marché. GFG Alliance défendra sa position et ses intérêts avec vigueur", affirme le groupe de Sanjeev Gupta dans un communiqué.

Glencore a refusé de s'exprimer sur le sujet.

AIP a déclaré que le transfert de propriété avait été approuvé par les autorités françaises et qu'il était conforme au droit européen sur les fusions-acquisitions.

Dans un communiqué publié vendredi soir par Bercy, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances, et de la Relance, et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée, chargée de l’Industrie, "prennent acte de la prise de contrôle de l’usine d’Aluminium Dunkerque par le fonds américain Americain Industrial Partners, en remplacement du groupe Liberty, qui permet de stabiliser l’actionnariat de l’entreprise".

"Un changement de contrôle de l’entreprise, repris par le fonds américain AIP, est en cours. Celui-ci permet d’entrevoir une issue positive pour le site, avec un actionnariat stabilisé. Il doit cependant encore se concrétiser opérationnellement dans les prochains jours et c’est pourquoi le gouvernement sera très attentif à ce que cette opération ne perturbe en aucun cas le fonctionnement du site, dont l’activité est d’importance pour le pays", ajoute le communiqué.

"Nous continuerons à travailler étroitement avec l’ensemble des parties prenantes du dossier, afin que l’activité du site se poursuive dans les meilleures conditions possibles", soulignent Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher, cités dans le communiqué.

Bruno Le Maire avait déclaré en mars, au moment de la faillite de Greensill, que l'Etat protégerait les sites et les salariés de GFG en France susceptibles d'être menacés par les difficultés du conglomérat.

AIP a déclaré qu'il maintiendrait en poste la direction actuelle de la fonderie et qu'aucune perturbation de l'activité n'était à craindre.

"AIP prévoit d'apporter des fonds supplémentaires pour soutenir l'activité à l'avenir", a-t-il dit. (Reportage Eric Onstad, version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse)