Zurich (awp) - Le mastodonte zougois de l'extraction et du négoce de matières premières Glencore a vu sa rentabilité s'effriter au premier semestre, plombée notamment par des difficultés dans ses mines africaines et le tarif des matières premières.

L'effondrement des prix pour le cobalt, notamment, va provoquer d'ici la fin de l'année la suspension pour deux ans des activités à Mutanda, en République démocratique du Congo.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté a fondu de près d'un tiers à 5,58 milliards de dollars (quasiment autant en francs suisses). Le bénéfice net, grevé de surcroît par des amortissements dans les hydrocarbures au Tchad et dans le cuivre africain, s'est évaporé de plus de 90% à 226 millions.

"A l'exception de nos actifs dans le cuivre en Afrique et de la mine de Koniambo (en Nouvelle-Calédonie), nos activités industrielles dans les métaux et le charbon ont délivré une marge Ebitda ajustée robuste de 39%", a souligné le directeur général Ivan Glasenberg en téléconférence mercredi.

Le groupe de Baar avait déjà reconnu fin juillet des difficultés sur le Continent premier à l'occasion de son rapport semestriel de production. La direction assure avoir désormais établi une feuille de route "crédible" pour améliorer la génération de liquidités des sites de Katanga et Mopani.

Doublement handicapée du fait de ses contrats d'auto-approvisionnement par la chute des prix du cobalt, la multinationale étudie la viabilité économique et technique d'un nouveau projet, destiné à offrir pour une vingtaine d'année une seconde vie à la mine de Mutanda. La firme doute d'une réouverture des infrastructures avant 2021, d'autant que l'épineuse question du nouveau code minier en RDC n'a toujours pas trouvé d'issue à son goût.

Dans l'immédiat, Ivan Glasenberg a promis en conférence téléphonique que les quelque 3000 collaborateurs locaux de Mutanda continueront à être employés aux tâches de maintenance et d'entretien. "Le maintien des emplois locaux constituerait un avantage indéniable dans la perspective d'une réouverture", a ajouté le grand patron.

Glencore avait déjà prévenu il y a une semaine que la dégringolade de près de 60 à moins de 30 dollars du prix pour ce minerai aura généré au sein de ses activités de négoce un déficit opérationnel (Ebit) de 350 millions sur le semestre écoulé, pour l'essentiel purement comptable.

Objectifs reconduits, apurés des soucis

Hors effet cobalt, la direction revendique un Ebit semestriel du négoce de 1,3 milliard et maintient sa fourchette de projections - également apurées de cet élément - entre 2,2 et 3,2 milliards pour l'ensemble de l'exercice. Le commerce d'hydrocarbures a représenté la moitié de l'excédent semestriel, alors que la rentabilité dans le charbon s'est étiolée.

L'endettement net de 16,3 milliards s'établissait fin juin à la limite supérieure que s'est fixée l'entreprise, a reconnu le directeur financier Steven Kalmin. Le responsable des cordons de la bourse a toutefois rappelé que Glencore était engagé dans la vente d'actifs "non stratégiques" pour au moins un milliard de dollars dans les six à douze prochains mois.

Sur la base des tarifs en vigueur fin juillet, la multinationale anticipe un Ebitda total de 12,8 milliards de dollars sur l'ensemble de l'exercice. L'enveloppe de 5,1 milliards dédiée aux investissements et près de 3 milliards d'impôts et d'intérêts devraient ramener la génération de liquidités à 4,8 milliards.

Rappelant que les stocks des principaux métaux extraits par Glencore se limitaient à quelque jours d'approvisionnement, M. Glasenberg a souligné que la demande croissante en cuivre, nickel et zinc laissait augurer un déficit d'offre avant la fin de l'année. Le grand timonier s'est également montré confiant pour la demande en charbon.

Sur le plan humain, Glencore a reconnu que les onze décès recensés en huit incidents depuis le début de l'année constituaient une "performance inacceptable". L'approche du groupe en matière de sécurité fait l'objet d'un examen approfondi.

A la Bourse de Londres où le titre est coté, l'action Glencore a cédé 2,2% à 226,25 pences à la fin du négoce, alors que l'indice vedette FTSE 100 a progressé de 0,33%.

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