29 mai (Reuters) - Avant l'ouverture des négociations à Paris ce lundi sur la lutte contre la pollution plastique, deux camps s'affrontent entre ceux qui souhaitant limiter sa production et celui du secteur de la pétrochimie qui privilégie le recyclage comme solution au problème des déchets.

Alors que les représentants de 175 Etats sont attendus jusqu'au 2 juin au siège de l'Unesco à Paris, dans le cadre de l'élaboration d'un traité mondial de lutte contre la pollution plastique, de nombreux pays ont déclaré que l'un des objectifs devrait être la "circularité", c'est-à-dire le maintien en circulation le plus longtemps possible d'articles plastiques déjà produits.

Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), qui accueille les négociations, a publié un projet visant à réduire les déchets plastiques de 80% d'ici à 2040. Il présente trois domaines d'action clés : la réutilisation, le recyclage et la réorientation des emballages plastiques vers des matériaux alternatifs.

Certains groupes de défense de l'environnement ont critiqué ce projet au motif qu'il se concentre sur la gestion des déchets, ce qu'ils considèrent être une concession au secteur du plastique et de la pétrochimie.

"Les vraies solutions à la crise du plastique nécessiteront des contrôles mondiaux sur les produits chimiques contenus dans les plastiques et des réductions significatives de la production de plastique", a déclaré Therese Karlsson, conseillère scientifique du Réseau international pour l'élimination des polluants (International Pollutants Elimination Network).

Via un nouveau groupe appelé "Global Partners for Plastics Circularity" ("partenariat mondial pour la circularité des plastiques"), le secteur défend le recyclage mécanique et chimique.

Inger Andersen, directrice exécutif du PNUE, a déclaré à Reuters que les critiques formulées à l'encontre du recyclage ne tenaient pas compte des recommandations plus générales concernant la refonte des emballages, détaillée dans le projet

"Nous parlons de refonte, et lorsque nous parlons de refonte, il s'agit de tout ce que nous devons faire pour utiliser moins de plastique", a-t-elle déclaré. "C'est là que tout commence."

Durant la semaine écoulée, des dizaines de pays ont cité la santé publique comme l'une de leurs préoccupations prioritaires en matière de limitation de la production et des déchets plastiques. Le rapport du PNUE a également identifié 13.000 produits chimiques associés à la production de plastique, dont plus de 3.000 sont considérés comme dangereux.

L'organisation Greenpeace a publié un rapport rassemblant les résultats de recherches scientifiques qui suggèrent que les processus de recyclage des plastiques peuvent libérer dans l'environnement un grand nombre de ces produits chimiques.

Une coalition de 55 pays participant aux négociations prévues cette semaine a appelé à s'accorder sur un traité fort comprenant des restrictions sur certains produits chimiques dangereux, ainsi que des interdictions sur les produits plastiques problématiques difficiles à recycler et qui finissent souvent dans la nature.

Les Etats-Unis devraient annoncer cette semaine, en collaboration avec le PNUE, le déblocage d'une enveloppe destinée à aider les pays en développement à prendre des mesures immédiates pour lutter contre la pollution plastique. (Reportage Valerie Volcovici ; version française Gaëlle Sheehan, édité par Claude Chendjou)