Source : présentation des résultats annuels 2021

Nathalie Jaoui, le secteur de l’intérim a largement profité de la reprise et de l’incertitude économique en 2022. Après un retour aux niveaux d’activité pré Covid, faut-il craindre un recul du marché de l’intérim en 2023 compte tenu du contexte économique dégradé ?

"Nous sommes très satisfaits de notre activité travail temporaire et recrutement en 2022, tant en termes de chiffre d’affaires que de rentabilité. Nous nous préparons à une activité plutôt en croissance cette année, portée par le rebond de l’automobile et la poursuite de la croissance sur l’aéronautique. Le secteur évènementiel devrait également rester très dynamique et cela devrait se prolonger en 2024 avec les Jeux-Olympiques. En revanche, le BTP connaîtra encore des difficultés. Globalement, ce n’est pas la demande qui nous freine, mais la pénurie de main d’œuvre, ce qui nous oblige à des efforts et une créativité inédite en termes de sourcing et de formation des jeunes et, de plus en plus, des seniors. Par ailleurs, nous diversifions la palette de services offerts à notre clientèle d’entreprises, ce qui peut aller jusqu’à l’implantation d’une agence d’agences d’intérim sur le site de nos plus gros clients."

Source : communiqué de presse du Groupe Crit

Plus structurellement, le plein emploi durable n’est-il pas un risque pour le secteur si les entreprises préfèrent ne pas licencier faute de pouvoir réembaucher plus tard ?

"Les entreprises n’ont pas besoin de licencier : les gens partent d’eux-mêmes, changent de métier, etc. On estime qu’un quart des emplois qui ont bougé ou qui sont susceptibles de bouger. Cette tendance devrait se poursuivre car les départs en retraite vont s’accélérer et l’intégration de la main d’œuvre étrangère est compliquée. Le risque est surtout que ces mutations soient mal accompagnées et que l’économie française en pâtisse. D’où l’importance de la formation et de l’accompagnement du personnel dans l’acquisition de nouvelles compétences pour répondre aux besoins du marché du travail de demain "

Quel regard portez-vous sur les services aéroportuaires, votre seconde activité ? L’activité s’est très fortement redressée, mais les marges seront-elles au rendez-vous compte tenu des contrats à long terme sur lesquels vous êtes engagés ? 

"L’activité est revenue en fin d’année à 90% de notre niveau pré Covid, en phase avec le trafic aérien au départ de Paris Aéroport. Il est vrai que la répercussion de l’inflation salariale est plus ou moins aisée selon les contrats et que nos marges restent légèrement affectées à court terme."

Le groupe surperforme son marché en France, mais a plus de difficultés sur ses deux principaux marchés internationaux, les USA et l’Espagne… Quelle est la profitabilité sur ces marchés ?

"L’Espagne s’est très bien portée ces dernières années mais est actuellement pénalisée par une évolution législative moins favorable aux contrats courts. Cela va nous contraindre à investir davantage dans le déploiement de notre réseau d’agences sur ce territoire si l’on souhaite maintenir un bon niveau de croissance. Nos marges sont inférieures en Espagne. Aux Etats-Unis, notre croissance organique est à l’équilibre, en particulier pénalisée par l’automobile et par les difficultés de recrutement. La relance de la croissance sur ce territoire potentiellement beaucoup plus rentable que la France passera par la réouverture d’agences et des acquisitions. "

Qu’allez-vous faire de votre trésorerie pléthorique ?

"Notre niveau de trésorerie nous donne une assise en cas de crise, comme ce fut le cas en 2020. Par ailleurs, elle nous donne les moyens de réaliser des projets ambitieux de croissance externe, avec un souhait d’équilibrer la France et l’international. Nous avons ainsi réalisé fin 2022 une acquisition en Suisse, OK JOB. Cette acquisition, qui intégrera nos comptes au 1er janvier 2023, nous permet de nous implanter sur des marchés spécialisés tels que l’industrie horlogère et le médical. Très concentrée sur l’activité recrutement, elle réalise une marge opérationnelle proche de la France, avec un réel potentiel d’amélioration. Nous cherchons d’autres cibles à l’international, essentiellement dans le travail temporaire, le recrutement et les services numériques, avec une priorité pour les Etats-Unis et des pays voisins en Europe. "

Un engagement RSE dont vous êtes particulièrement fière ?

"Nous en avons beaucoup, particulièrement sur la partie sociétale qui nous touche de très près. Je pense notamment aux actions menées pour la féminisation des métiers, à la mise à l’emploi de personnel en situation de handicap, à l’insertion des populations issues de l’immigration. Et bien d’autres actions menées par notre réseau d’agence au niveau local en association avec les acteurs investis sur les territoires. Nous préparons également une initiative en faveur de l’insertion dont je suis particulièrement fière, mais il est encore un peu tôt pour vous en parler. Rendez-vous donc au cours du prochain trimestre pour en dire plus. "

Source : rapport annuel 2021 du Groupe

L'Auteur est actionnaire de la société à titre personnel.