Que faut-il retenir de l’année 2024 dont les résultats ont été publiés le 30 avril dernier ?
" Nous sommes très satisfaits de cette 4ème année consécutive de croissance. Le groupe a dégagé un chiffre d’affaires 2024 de 273 M€ en croissance organique de +3,2%, combiné à une performance opérationnelle solide puisque notre résultat opérationnel a progressé de 3,9 M€ à 21,4 M€ (+1,2 point) pour un résultat net part du Groupe à 14 M€. Notre niveau d’endettement net est proche de zéro et notre carnet de commandes de 1,04 Md€ à fin mars 2025 nous assure près de quatre ans de visibilité sachant que quasiment 100% de nos contrats sont renouvelés à échéance. "
Comment expliquez-vous cet excellent taux de renouvellement et pourquoi cela n’a pas empêché une légère baisse du carnet de commandes ?
" A la fin de chaque contrat, les marchés font l’objet d’un nouvel appel d’offre. Nous connaissons bien le marché, ce qui nous permet de répondre au mieux aux besoins de clients, nous détenons nos propres outils alors que des concurrents ont encore une stratégie de location. De plus, notre culture d’entreprise familiale permet de gérer au plus près les dépenses. Concernant le recul du carnet de commandes, le Groupe avait remporté avec Paprec Énergie la construction et l’exploitation du futur Pôle de Transition Environnementale de Dracénie Provence Verdon. Ce contrat de Délégation de Service Public (DSP) d’une durée de 25 ans représentait un investissement de 130 M€. L’investissement total était porté par une Société d’Économie Mixte à Opération unique (SEMOP). Ce projet a cependant fait l’objet le 31 mars 2025 d’une lettre de résiliation pour motif d’intérêt général de la part de Dracénie Provence Verdon Agglomération. Cette décision est essentiellement motivée par la non-obtention d’importantes subventions de l’État. Conformément au contrat de DSP, sa rupture étant à l’initiative de la collectivité cliente, le Groupe a diminué son carnet de commandes à hauteur de 100 M€ et sera intégralement remboursé des frais engagés à ce jour. "
Groupe Pizzorno Environnement a remporté un gros contrat à Lille en 2022. Pouvez-vous faire un point sur son avancée et sa rentabilité ?
" Ce contrat repris à Veolia s’élève à un total de 161 M€ pendant 7 ans. Comme la plupart du temps avec ce type de collaboration d’envergure, après une ou deux années d’investissements et de rodage, ce sont les 5 années suivantes qui permettront d’être rentable sur l’ensemble de la durée du contrat. De plus, conformément à notre stratégie de croissance concentrique, nous comptons bien élargir notre territoire sur cette Métropole grâce à la qualité de notre service."
Quelle est la stratégie du groupe en matière d’allocation du capital, que ce soit en matière d’investissements par pôle et par pays, de dividende et d’acquisition ?
" Cela fait maintenant dix ans que nous avons décidé de ne plus répondre aux appels d’offres à l’étranger compte tenu des difficultés à recouvrir les créances. Nous privilégions la croissance organique concentrique en France à partir des régions où nous sommes déjà présents, tout en répondant à des appels d’offres dans de nouvelles régions comme à Rennes récemment. Seule une centaine de communes sont clientes de Pizzorno, nous laissant un marché immense à conquérir dans l’hexagone. Nous ne nous interdisons pas de procéder à des acquisitions opportunistes en France et dans nos métiers, sachant que nos capacités financières le permettent amplement. En attendant, compte tenu de la qualité de nos résultats cette année et la solidité de notre bilan, nous avons décidé de procéder à une distribution de dividendes pour un montant de 2,5 € par action, ce qui ne présume pas du montant qui sera versé l’année prochaine. "
Comment voyez-vous l’année 2025, notamment en matière d’investissements ?
" Nous ne communiquons aucune prévision. L’année 2025 bénéficiera des derniers développements du Groupe avec le démarrage ou renouvellement de plusieurs contrats majeurs. Les investissements resteront conséquents compte tenu de l’accélération des préoccupations environnementales, du renforcement de l’économie circulaire et des évolutions technologiques comme l’électrification des moyens de transport. "
Quelle est la situation de votre filiale marocaine ? Où en sont vos démarches de recouvrement de créances ?
" Nous avons dû progressivement arrêter nos activités au Maroc compte tenu de la difficulté à être réglé. Nous sommes présents depuis 1996 dans ce pays, avec un dernier contrat qui s’est terminé il y a deux ans environ. Les créances brutes relatives à cette filiale s’élèvent à 29,3 M€, pour un montant net après dépréciation de 10,4 M€ auprès de différentes collectivités locales qui ne remettent pourtant pas en question les facturations. Nos démarches de lobbying n’ont pas abouti et nous comptons sur nos actions auprès de la justice internationale (CIJ) pour récupérer ces créances. "
Pouvez-vous faire un point sur votre filiale de valorisation de déchets « Zéphire » ?
" L'unité de Zéphire, joint-venture à 49% avec IDEX, transforme les déchets en énergie, produisant de la chaleur et de l'électricité, contribuant ainsi à l'économie circulaire. Son chiffre d’affaires s’est élevé en 2024 à 33,6 M€, pour un résultat toujours déficitaire. L’unité a souffert d’un dysfonctionnement qui a affecté deux chaudières et de la variation du prix de l’électricité. Compte tenu de la baisse des prix de l’électricité et de la révision de tonnages traités pour les années futures, il a été décidé de porter la provision pour dépréciation du compte-courant de cette filiale à 13 M€. La créance du Groupe sur Zéphire s’élève à 35 M€ après le passage d’une dépréciation supplémentaire dans les comptes 2024 de 4,8 M€ sous forme de provisions financières compte tenu de la situation bilancielle de cette filiale et de l’orientation des prix de vente de l’électricité. "
Les descendants de Francis Pizzorno, qui a fondé l’entreprise il y a 50 ans, restent engagés opérationnellement malgré le concert formé avec le concurrent Paprec assorti d’une option de vente de la majorité du capital à la main de la famille Pizzorno. Cet engagement s’inscrit-il dans la durée ? Paprec a-t-il vocation à prendre le contrôle de l’entreprise ?
" Nous avons cédé il y a 4 ans 20% du capital au groupe Paprec avec lequel la famille Pizzorno forme un concert. L’objectif était pour le Groupe de se doter d’un actionnaire industriel reconnu, porteur de valeurs familiales afin de nous aider dans notre démarche de conquête de nouveaux territoires, ce qui a porté ses fruits comme à Lille ou à Draguignan où nous avions répondu ensemble à l’appel d’offre. Aujourd’hui, la famille Pizzorno reste pleinement engagée dans l’opérationnel à travers deux représentants de la deuxième et deux représentants de la troisième génération. "
( Source : Rapport financier annuel 2024 Pizzorno )