(Actualisé avec publication de la liste, précisions, réaction
chinoise)
par Alexandra Alper, David Shepardson et Humeyra Pamuk
WASHINGTON, 18 décembre (Reuters) - Les Etats-Unis ont
ajouté vendredi plusieurs dizaines d'entreprises chinoises, dont
SMIC, principal fabricant de puces du pays, et le
constructeur de drones SZ DJI Technology, à leur liste noire.
Cette décision, prise quelques semaines seulement avant
l'investiture de Joe Biden, fait figure de baroud d'honneur de
l'administration Trump dans sa guerre commerciale avec Pékin.
La liste publiée par le département américain du Commerce
comprend 77 entreprises et filiales, dont 60 sont chinoises.
Reuters, qui avait annoncé la nouvelle quelques heures plus tôt,
parlait de 80 firmes environ, pour la plupart chinoises.
Le département du Commerce précise que la présence de SMIC
sur cette liste "découle de la doctrine chinoise de fusion
militaro-civile (MCF) et de preuves d'interactions entre SMIC et
des entités préoccupantes au sein du complexe
militaro-industriel chinois".
Outre DJI, premier fabricant mondial de drones, AGCU
Scientech, China National Scientific Instruments and Materials,
et Kuang-Chi Group y figurent également pour avoir permis "des
violations des droits de l'homme à grande échelle en Chine grâce
à une collecte et à une analyse génétiques abusives ou à une
surveillance de haute technologie".
Le ministère chinois des Affaires étrangères a exhorté
vendredi les Etats-Unis "à cesser leur comportement erroné
d'oppression injustifiée des entreprises étrangères".
L'administration Trump a souvent utilisé cette liste - où
figuraient déjà plus de 275 entreprises et filiales basées en
Chine - pour s'attaquer aux groupes chinois stratégiques.
Parmi ces entreprises figurent notamment le géant des
télécoms Huawei Technologies Co et 150 de ses filiales,
et ZTE Corp pour des violations de sanctions, ainsi
que le fabricant de caméras de surveillance Hikvision
, associé selon Washington à la répression exercée en
Chine contre la minorité ouïgoure.
"RISQUE INACCEPTABLE"
Le fabricant de puces SMIC, (Semiconductor Manufacturing
International Corp) était déjà dans le collimateur de Washington
depuis plusieurs mois.
Le département du Commerce a imposé en septembre dernier aux
fournisseurs de certains équipements de la société de demander
une licence d'exportation après avoir conclu qu'il existait un
"risque inacceptable" qu'elle puisse utiliser les équipements en
question à des fins militaires.
Le mois dernier, le ministère américain de la Défense avait
également placé la société sur une liste noire des entreprises
contrôlées par l'armée chinoise ou liées à elle, empêchant les
investisseurs américains d'acheter des titres des sociétés qui y
figurent à partir de la fin de l'année prochaine..
SMIC a démenti à plusieurs reprises avoir des liens avec
l'armée chinoise.
L'inclusion sur la liste des entités obligerait SMIC à
demander une licence spéciale au département du Commerce avant
qu'un fournisseur américain puisse lui envoyer des équipements
essentiels, l'administration Trump tentant ainsi de limiter
l'accès des entreprises chinoises aux technologies américaines
pour la fabrication de puces.
Les relations entre Washington et Pékin sont de plus en plus
tendues depuis l'an dernier, les deux premières économies
mondiales étant en désaccord sur de multiples dossiers allant de
la gestion par Pékin de l'épidémie de coronavirus, à la loi de
sécurité nationale à Hong Kong en passant par les revendications
chinoises en mer de Chine méridionale.
(Humeyra Pamuk, Mike Stone et Karen Freifeld; version française
Diana Mandiá, édité par Jean-Michel Bélot et Jean-Philippe
Lefief)