Le chiffre d'affaires accuse une légère baisse, à €73.2 millions contre €77.5 millions l'an passé à la même époque. Stabilité au niveau des marges d'exploitation, avec un profit avant impôts et intérêts de €15.5 millions, mais pas de pic de commandes en relation avec la douloureuse actualité ukrainienne : voilà ce qu'on retiendra.

Négative sur le trimestre, la génération de cash est impactée par les exigences du besoin en fonds de roulement et le programme d'investissements sur le site de production d'Oberndorf. Une amélioration de la situation devrait se concrétiser dès le deuxième semestre. 

Sur dix ans, de 2012 à 2022, H&K n'a délivré qu'une croissance modeste de ses ventes — de €203 à €305 millions — et des profits d'exploitation très inégaux. En réalité, la gestion sur la période a été toute entière concentrée sur la réduction de l'endettement, problématique à l'époque, enfin revenu à un degré plus gérable aujourd'hui. 

La capacité bénéficiaire est modeste, de l'ordre de €15 millions par an en moyenne sur les cinq dernières années. On est loin ici de la performance financière des fabricants d'armes cotés aux Etats-Unis, Smith & Wesson et Ruger, discutés il y a quelques mois dans ces colonnes. 

Au regard de ces fondamentaux, malgré le caractère stratégique de son activité et son image de marque élitiste — comme, du reste, ses rivaux européens Beretta, Steyr ou FN Herstal, tous privés — on peine à justifier une valorisation de €3.5 milliards. Après tout, hors épisodes de déraison, la valeur d'un actif se résume à la somme des cash-flows qu'il sera capable de générer pour ses propriétaires, moins le coût du capital exigé par ses derniers.

Sa situation financière assainie, il est toutefois possible que H&K annonce bientôt l'instauration d'un dividende. C'est très vraisemblablement ce que "price" le cours actuel. Il est donc permis de supputer qu'une déception en la matière serait fort mal accueillie, et nécessaire de surveiller ce point.

H&K est contrôlée par deux actionnaires très discrets : la Compagnie de Développement de l’Eau, basée au Luxembourg, et le trust d'investissement Alter Dodus, domicilié à Malte. Pour l'anecdote, la Compagnie de Développement de l’Eau appartient à Nicolas Walewski, héritier direct de Napoléon Bonaparte — avec qui il entretient une troublante ressemblance physique !