"Nous avons vu les turbulences sur les marchés atteindre un nouveau palier la semaine dernière et se répercuter sur le reste de l'économie", écrit Henry Paulson dans un texte rédigé à l'occasion de son audition devant la commission bancaire du Sénat, que Reuters s'est procuré.

"Nous devons maintenant prendre des mesures nouvelles et décisives pour répondre de manière fondamentale et complète à la cause originelle de ces turbulences", ajoute-t-il, soulignant que le Congrès devait éviter de ralentir le plan de sauvetage "avec de nouvelles dispositions sans rapport ou qui ne bénéficient pas d'un large soutien".

Le Congrès a commencé à examiner lundi le plan de sauvetage du secteur financier américain, qui connaît sa pire crise depuis 1929, soulevant des interrogations qui ont douché l'optimisme suscité vendredi dernier par l'annonce de l'élaboration d'un tel plan.

Ben Bernanke, également dans le texte d'une allocution destinée au Congrès dont Reuters s'est procuré une copie, estime que les marchés financiers sont soumis à des tensions extraordinaires, tout en appelant à des mesures immédiates permettant de racheter plusieurs centaines de milliards de dollars d'actifs à risque.

"En dépit des efforts de la Réserve fédérale, du Trésor et d'autres organismes publics, les marchés financiers mondiaux restent soumis à des tensions extraordinaires", écrit Ben Bernanke.

"L'action du Congrès est requise d'urgence pour stabiliser la situation et éviter des conséquences très graves pour nos marchés financiers et notre économie", ajoute-t-il.

Répondant indirectement aux membres du Congrès, dont les deux chambres sont à majorité démocrate, qui veulent profiter de la mise en place du plan de l'administration Bush pour réformer en profondeur le fonctionnement du système financier, Henry Paulson et Ben Bernanke ont pris acte d'une telle nécessité tout en soulignant que ce n'était pas le moment.

"(Nous devons mettre en place) des mesures radicales pour corriger les défauts et les excès mais cela peut attendre. Il est essentiel que nous ayons un débat à ce sujet mais nous devons en priorité traverser cette période difficile", ajoute le secrétaire d'Etat au Trésor.

"A ce stade, au vu de l'accélération des événements, il est indispensable de prendre à bras le corps la crise qui affecte le secteur financier. La mise en place d'une réforme générale du système nécessite une analyse fine et approfondie qui prendrait trop de temps (dans le contexte actuel)", déclare Ben Bernanke.

Certains élus démocrates ont exigé qu'il y ait des limites imposées aux salaires des dirigeants d'entreprise bénéficiant des dispositions du plan Paulson.

Glenn Somerville et John Poirier, version française Benoit Van Overstraeten