Chez Hermès, les ventes ont progressé de 9% sur le trimestre, à 4,1 milliards d’euros. A taux de change constants, la hausse atteint 7,2%, un score honorable dans le contexte actuel. Mais les attentes étaient plus élevées : le consensus visait 7,9%. Résultat, un accueil boursier mitigé. L’Asie a déçu, sans pour autant entamer la dynamique du groupe sur d’autres marchés, où il continue de surperformer. Contrairement à LVMH, plombé en ce début d’année par la baisse des ventes de Louis Vuitton.
La force d’Hermès, c’est son pouvoir de fixation des prix. "Nous compenserons intégralement l’impact des nouveaux droits de douane en augmentant nos prix de vente aux États-Unis à compter du 1er mai", a assuré le directeur financier, Éric du Halgouët. Une déclaration rare par son assurance. Le groupe avait déjà indiqué ne pas vouloir relocaliser sa production aux États-Unis. Une position claire.
Du côté de Brunello Cucinelli, la croissance reste solide, au-delà des 10% sur le trimestre. Le président-fondateur, fidèle à son style, évoque la crise avec philosophie. Citant Thomas More — "Mon Dieu, aide-moi à accepter ce que je ne peux pas changer" —, il insiste sur l’adaptation et l’excellence. Le groupe pourrait lui aussi relever ses prix aux États-Unis pour la collection hiver.
"Nous restons attachés au luxe italien, à l’artisanat d’exception et à la très haute qualité", a rappelé le fondateur. Une stratégie qui cible une clientèle à l’abri des soubresauts économiques. Selon un administrateur du groupe, les droits de douane ne grèveraient que de 1% la demande sur ce segment. Et il faudrait une chute de 50% des marchés pour effacer les gains accumulés par les clients américains fortunés depuis trois ans… Fidèle à sa réputation, Cucinelli a ponctué cette révélation d'un "bien sûr, nous ne voulons pas crier cela sur tous les toits, car ce ne serait pas très élégant vis-à-vis de ceux qui souffrent réellement des droits de douane". En langage décodé, cela signifie que la marque de Solomeo fera partie des dernières à être inquiétées dans le secteur. Une caractéristique qu'elle partage avec Hermès.