Le best in class du luxe français continue sur sa lancée. Hermès a publié des résultats records pour l'exercice 2024, comme chaque année me direz-vous. Au quatrième trimestre, les ventes ont progressé de 17,6%, à 3,96 milliards d'euros. Le groupe est toujours porté par sa division maroquinerie-sellerie, qui représente 40% du chiffre d'affaires, en croissance de 21,5% sur les trois derniers mois de l'année.

Surtout, ce rythme de croissance ferait presque oublier que le marché du luxe est en ralentissement depuis bientôt deux ans ; les ventes ont reculé de 2% au niveau mondial en 2024. L'industrie du luxe subit à la fois le contre-coup de la reprise post-Covid ainsi que la faiblesse de la demande en Chine, qui a longtemps tiré la croissance. Et cela se retrouve dans les chiffres de la plupart des maisons de luxe. Des chiffres qui eux-mêmes se reflètent dans les cours de bourse.

Alors comment Hermès s'en sort ? Sans refaire dans le détail tout le business modèle, déjà largement détaillé dans ces colonnes, Hermès c'est en quelque sorte le luxe du luxe : une marque qui a une offre très limitée à destination d'une clientèle fortunée, ce qui lui confère un pricing power permanent, qui lui-même permet de tenir des marges stratosphériques. Des marges qui font d'Hermès l'une des entreprises les plus profitables de la cote européenne. Et tout cela a un prix : à presque 60x les bénéfices 2025, Hermès est l'entreprise la plus chère parmi les grandes capitalisations européennes, regroupées au sein de l'EuroStoxx 50.

Sur une autre planète

Ce qui est fascinant avec Hermès, c'est que son statut fait que les attentes sont toujours très élevées, mais qu'elles sont, trimestre après trimestre, largement dépassées. C'est ce que l'on peut constater sur le graphique suivant :

Non seulement Hermès bat toujours largement le consensus, mais en plus c'est l'une des meilleures entreprises dans cet exercice. Notre indicateur Zonebourse sur la qualité des publications indique qu'Hermès fait mieux que 99% de l'univers d'investissement sur cette métrique. Ce rating repose sur les taux de surprise des 4 derniers exercices publiés, c'est-à-dire sur l'écart par rapport aux prévisions des analystes en termes de résultat net, de chiffre d'affaires, d'EBIT, et de bénéfice par action.

Et même si l'action a plus que quadruplé en 5 ans, Hermès affiche toujours de solides fondamentaux : pas de dette, une profitabilité exceptionnelle et une croissance bénéficiaire solide. Seule la valorisation pose question puisqu'à presque 60x les bénéfices, la prime est significative par rapport au reste du marché, et surtout Hermès est bien au-delà de ses propres standards. Mais pour l'heure, de la même façon que les clients d'Hermès s'arrachent les iconiques sacs à main Birkin, le marché ne regarde pas à la dépense.