Zurich (awp) - Lafargeholcim débourse 3,4 milliards de dollars (environ 3 milliards de francs suisses) pour acquérir Firestone Building Products, fabricant américain de toitures. Il compte profiter de synergies pour faire croître cette activité outre-Atlantique, mais aussi en Europe.

En rachetant Firestone Building Products à Bridgestone Americas, le géant saint-gallois veut devenir un "leader mondial des toitures plates", a expliqué son directeur général Jan Jenisch lors d'une conférence téléphonique jeudi. L'opération vise à se renforcer aux Etats-Unis, le plus grand marché du cimentier, qui cible des recettes annuelles de plus de 6 milliards de dollars.

Des synergies de 110 millions de dollars, notamment dans la logistique, sont attendues par an. L'effet sur le bénéfice par action est attendu dès la première année.

Firestone Building Products (FSBP), créé en 1980, appartient à Bridgestone Americas, filiale du conglomérat japonais Bridgestone Corporation. En 2020, les ventes nettes de l'unité avaient atteint 1,8 milliard de dollars pour un Ebitda de 270 millions, selon le communiqué.

Extension en Europe

Le patron de la multinationale s'est félicité d'avoir mis la main sur le numéro un américain des systèmes de toitures plates, qui a notamment travaillé pour les sièges d'Apple et de Nike. "60% de son activité est dans la rénovation et la demande est très solide" aux Etats-Unis, a souligné le CEO, qui compte grandir encore dans ce domaine. Il a notamment cité l'intérêt pour les toits isolants, végétalisés ou comportant des panneaux solaires qui sont en vogue ou même exigés par la réglementation dans certaines villes américaines. Le secteur pèse mondialement 50 milliards de dollars.

L'entreprise de Nashville, dans le Tennessee, est numéro 4 mondial avec 4% de parts de marché. Elle réalise 87% de ses affaires outre-Atlantique et 8% en Europe, où elle compte deux sites. Lafargeholcim veut profiter de sa position pour étendre cette nouvelle activité sur le Vieux continent où elle ne réalise que 139 millions de dollars de recettes, mais aussi en Amérique latine. Le CEO ne voit "pas de plan ni de besoin de restructuration".

La transaction sera financée à moitié en numéraire et à moitié par des emprunts. "Nous avons eu de solides liquidités en 2020 et nous maintenons notre discipline financière". Sa clôture est attendue au deuxième trimestre.

Le cimentier va reprendre les 1900 employés, 15 usines et trois laboratoires de recherche et développement, ainsi qu'ajouter 1800 points de distribution à son réseau. Le siège restera à Nashville, avec la même équipe dirigeante.

Pour JPMorgan, cette transaction est une première étape dans la stratégie de longue date du groupe pour diversifier ses produits.

Credit Suisse voit des possibilités de croissance sous l'angle des ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance), avec l'ajout dans le portefeuille de Lafargeholcim des solutions de toitures à haut rendement énergétique.

Pour UBS, le prix d'achat est un peu plus élevé que ce que le marché avait/fr anticipé. L'opération peut mener à une amélioration significative des marges. La banque est plus dubitative sur les opportunités de ventes croisées entre les produits à base de béton et ceux pour les toitures. Mais l'exploitation des canaux de distribution, notamment en Amérique latine, pourrait fonctionner.

A la Bourse, l'action LafargeHolcim a terminé en hausse de 2,4% à 52,76 francs suisses, dans un SMI en progression de 0,29%.

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