par Matthias Blamont

L'avion de ligne, d'une capacité de 170 à 190 sièges, sera le plus gros avion commercial jamais assemblé par la Chine. Avec un premier vol prévu pour 2014, il viendra chasser directement sur le créneau des monocouloirs A320 d'Airbus et B737 de Boeing, deux familles d'appareils considérées comme très rentables par les spécialistes du secteur.

Le C919, dont les chiffres 9 symbolisent en Chine la longévité, se veut également une arme à l'exportation pour Pékin sur un marché dominé jusqu'à ce jour par les Américains et les Européens.

"Nous avons présenté une demi-douzaine d'ensembles d'équipements intégrés pour le C919. C'est une opportunité qui représente plusieurs milliards de dollars de chiffre d'affaires pour Honeywell", a expliqué à Reuters Paolo Carmassi, directeur général d'Honeywell Aerospace EMEA, l'une des divisions du groupe industriel diversifié américain, au cours d'une interview.

Le dirigeant a ajouté que les offres pour le C919 de son entreprise, leader mondial des équipements pour cockpits, allaient des systèmes mécaniques à des solutions électroniques plus complexes comme le logiciel de gestion de vol (Flight management system).

"Ce programme va redéfinir l'industrie. Gagner une activité sur le C919 prouverait que l'on est capable de s'adapter à des clients différents (...), à une stratégie industrielle différente", a-t-il dit.

Les plus grands équipementiers mondiaux se sont positionnés sur les appels d'offre du programme C919. Parmi eux, les français Thales et Safran espèrent obtenir des contrats d'importance.

La Commercial Aircraft Corporation of China (Comac) devrait donner ses réponses à partir de la fin de 2009 mais Paolo Carmassi a indiqué qu'Honeywell tablait plutôt sur 2010.

PATRONS CHERCHENT AVIONS D'AFFAIRES

Interrogé sur les perspectives de l'aviation d'affaires, soumise à rude épreuve ces derniers mois alors que les avantages dont bénéficient les dirigeants de grandes entreprises ont suscité des polémiques violentes au sein des opinions publiques, Paolo Carmassi a rappelé que la demande s'était renforcée en dehors des Etats-Unis cette année.

"Nous avons sondé une proportion significative des opérateurs (de l'aviation d'affaires, ndlr), 1.200 d'entre eux en 2009", a-t-il souligné.

"A la question clé, pourriez-vous certainement acheter un appareil d'ici aux cinq prochaines années? 32% des sondés en dehors des Etats-Unis ont répondu oui en 2008 et 40% en 2009", a-t-il ajouté avant de préciser qu'aux Etats-Unis, marché plus mature, les réponses positives s'étaient maintenues à 25% d'une année sur l'autre.

Le dirigeant a souligné que la croissance de la demande était clairement tirée par l'Asie, l'Europe et le Moyen-Orient.

Alors qu'Honeywell, également présent dans le secteur de la défense, souhaite développer ces activités en dehors des Etats-Unis, Paolo Carmassi a indiqué qu'une équipe dédiée avait été créée à cet effet et que la société chercherait à conforter sa croissance organique et à effectuer des acquisitions si celles-ci permettaient de mettre la main sur des technologies de rupture.

"Vous achetez la technologie là où elle se trouve et vous développez, nous avons le muscle qu'il faut pour cela", a fait valoir le dirigeant, sans donner davantage de détails sur les montants que la société était prête à engager.

Il a toutefois révélé que le marché de la sécurité, "très fragmenté" selon lui, recelait des opportunités de croissance significatives.

Paolo Carmassi a également jugé que les compagnies aériennes mondiales ne renoueraient certainement pas avec la croissance avant 2010 ou 2011 et que davantage de mouvements de consolidation étaient à attendre au cours des prochains mois en Europe.

Honeywell, actif dans l'aéronautique, le bâtiment et l'automobile, a fait état le 23 octobre d'un bénéfice par action de 0,80 dollar (0,54 euro) au titre de son troisième trimestre, supérieur aux attentes, et vise un BPA de 2,85 dollars cette année ainsi qu'un chiffre d'affaires supérieur à 30 milliards.

Edité par Matthieu Protard