En janvier, notre rédactrice Émilie Servoz expliquait que les grands conglomérats n’avaient plus la cote, de nombreux investisseurs leur préférant des entreprises spécialisées. Honeywell figurait déjà parmi les candidats à une scission, initialement envisagée pour séparer sa division aérospatiale du reste du groupe. Annoncé par le Wall Street Journal, le projet a évolué pour aboutir à une réorganisation en trois entités, et a été officialisé dans les heures qui ont suivi.

Une scission pour le meilleur

Longtemps considérés comme des modèles de diversification et de résilience, les conglomérats sont de plus en plus perçus comme lourds et inefficaces. Les marchés leur reprochent des frais de structure élevés et un manque de synergie entre des secteurs trop éloignés les uns des autres. Désormais, la tendance s’inverse : les investisseurs privilégient les pure players, et les grandes entreprises se réorganisent pour coller à cette nouvelle donne.

Les récents succès en la matière encouragent cette dynamique. General Electric, par exemple, a connu un second souffle après sa scission en trois entités distinctes (GE Aerospace, GE Vernova et GE Healthcare Technologies). Un modèle qui inspire, et qui place Honeywell sous pression. Le fonds activiste Elliott Investment Management, réputé pour son influence, milite activement en faveur d’une scission, brandissant l’exemple de GE comme un modèle à suivre. De son côté, Vimal Kapur, PDG de Honeywell depuis 2023, avait annoncé dès sa prise de fonction l’étude d’un plan de séparation, alors principalement centré sur l’aérospatiale.

Trois entreprises, trois secteurs stratégiques

Désormais officiel, Honeywell ne s’est pas contenté d’une simple séparation de sa branche aérospatiale. Le groupe annonce une restructuration plus profonde, débouchant sur la création de trois entreprises distinctes, chacune spécialisée dans un domaine clé : l’aérospatiale, l’automatisation et les matériaux avancés.

Cette transition ne se fait pas du jour au lendemain. Honeywell a déjà commencé à recentrer ses activités en amont, comme en témoigne la vente de sa filiale d’équipement de protection individuelle à Protective Industrial Products, Inc., une société appartenant au fonds de private equity Odyssey Investment Partners. Une première étape actée fin 2024.

Une étude de Berenberg annonçait déjà le plan comme une bonne idée : "Nous pensons qu'il s'agit d'une évolution positive, étant donné : 1) la sous-performance continue des actions de Honeywell, 2) la décote désormais injustifiée par rapport à leur juste valeur, et 3) la lettre ouverte publiée le mois dernier par l'investisseur activiste Elliott Investment Management appelant à une scission.

Une entreprise aérospatiale indépendante de Honeywell serait l'un des plus grands fournisseurs aérospatiaux cotés en bourse, ayant enregistré 15 milliards de dollars de revenus en 2024. L'activité d'automatisation a enregistré 18 milliards de dollars de revenus l'année dernière. Pour rappel, l’unité aérospatiale de GE est valorisée 215 milliards de dollars ce qui est le double du conglomérat avant sa scission. Les trois entreprises de GE valent désormais quatre fois plus que l’ensemble de 2022. Honeywell pourrait bien connaître le même avenir.