* Les marchés misent sur un succès de Biden face à Trump

* Les vrais enjeux pour les investisseurs sont ailleurs

* Ils attendent un vaccin et un plan de relance aux USA

* La BCE devrait maintenir une posture accommodante

par Patrick Vignal

PARIS, 26 octobre (Reuters) - L'élection présidentielle américaine est l'événement de cette fin d'année mais pas le catalyseur que les marchés attendent pour repartir de l'avant, soulignent gérants et analystes.

Les progrès vers un vaccin contre le COVID-19 et un nouveau plan de relance de l'économie américaine, peu susceptible de se matérialiser avant le scrutin du 3 novembre, sont les deux éléments à suivre en priorité, selon eux.

Un succès du candidat démocrate est largement intégré dans les cours, les investisseurs misant en outre sur un "Blue Sweep", une vague bleue qui permettrait aux démocrates de prendre aussi le contrôle du Sénat.

Un dernier débat, jeudi, entre Donald Trump et son rival n'a pas vraiment changé la donne.

Les deux hommes ont livré des visions diamétralement opposées de la crise sanitaire dans un affrontement moins violent que le précédent mais marqué tout même par des attaques personnelles.

Les contrats à terme sur l'indice mesurant la volatilité implicite du S&P-500 signalent bien une "bosse" pour le mois de novembre mais elle devrait se dégonfler si le résultat de l'élection est incontesté et connu rapidement, estime Jeroen Blokland, gérant de portefeuille chez Robeco.

LE SCÉNARIO DU PIRE JUGÉ PEU PROBABLE

"Certes, l'élection présidentielle américaine engendre très logiquement de la volatilité, mais nous pensons que seul le scénario d'une contestation, accompagnée d'éventuelles violences, des résultats sur fond de recomptage des bulletins de vote, à l'image de ce qui s'était produit en 2000, entraînerait un fort retour de l'aversion au risque", prolonge Hervé Guez, directeur des gestions actions, taux et solidaire de Mirova.

Si une certaine confusion ne peut être exclue, la probabilité de ce scénario du pire a fortement reculé en raison principalement de l'avance constante de Joe Biden dans les sondages.

Une victoire de ce dernier pourrait entraîner une hausse de la fiscalité pesant sur les entreprises et les Américains les plus fortunés mais elle porte également, du point de vue des investisseurs, la promesse d'un soutien budgétaire rapide et massif, a fortiori en cas de "Blue Sweep".

En attendant, les marchés ont oscillé au gré des tractations entre la Maison blanche et le camp démocrate en espérant sans trop y croire une forme d'accord partiel.

Un nouveau plan de relance est jugé critique au moment où la reprise de l'économie américaine montre des signes d'essoufflement, sans parler de la possibilité d'une "deuxième vague" de COVID-19, à l'image de celle qui déferle violemment sur l'Europe, où les mesures de restriction se multiplient.

L'Espagne est devenu le premier pays européen à franchir le cap du million de cas d'infection, que frôle la France; plus de 10.000 nouveaux cas quotidiens ont été recensés pour la première fois jeudi en Allemagne et près des deux tiers des Etats américains dépassent désormais le seuil d'alerte de 100 nouveaux cas pour 100.000 habitants sur une semaine.

UNE REPRISE EN "K" SE PROFILE

"Le facteur dominant reste le virus", explique Florence Barjou, directrice des investissements chez Lyxor Asset Management, avant d'évoquer la perspective d'une reprise économique en "K", la branche montante portant les gagnants et l'autre, descendante, condamnant les perdants.

Du côté des relatives bonnes nouvelles, les publications des comptes des entreprises au troisième trimestre sont moins mauvaises que prévu dans l'ensemble jusqu'à présent, en particulier aux Etats-Unis, où plus de 80% des entreprises du S&P-500 ont affiché des bénéfices supérieurs aux attentes, selon les données IBES de Refinitiv.

Les résultats continueront de pleuvoir dans les jours qui viennent avec notamment ceux de Caterpillar aux Etats-Unis et de HSBC, BP, PSA ou encore Carrefour en Europe.

Dans l'attente d'un plan de relance ou d'un vaccin, les marchés pourraient rester nerveux en sachant toutefois qu'ils peuvent compter sur une posture toujours très accommodante de la part des instituts d'émission.

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, devrait répéter jeudi que l'institution de Francfort se tient prête à ajuster tous ses instruments si nécessaire.

Les marchés pensent cependant que la BCE n'annoncera pas de mesures supplémentaires avant sa réunion de décembre. Les Etats-Unis devraient connaître alors leur président et la course au vaccin contre le COVID-19 pourrait être sur le point d'être gagnée.

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