L’année 2024 marquait une nette inflexion dans la valorisation boursière d’IBM, multipliée par deux en l’espace de quelques mois sans que grand chose n’ait changé au niveau des fondamentaux. Nous développions d’ailleurs ces dynamiques dans IBM : Destruction de valeur, publié dans ces mêmes colonnes il y a un an jour pour jour.

L’érosion des profits, rappelons-le, fut continue sur la dernière décennie, ce qui n’empêchait pas la dette d’augmenter pour financer des distributions de dividendes qui, pour leur part, augmentaient curieusement.

Les rachats d’actions massifs — le grand sujet chez IBM il y a dix ans — ont eux complètement cessé ; les faibles niveaux actuels ne servent qu’à limiter l’impact de la dilution causée par les stock-options.

Publiés hier, les résultats du premier trimestre de l’exercice fiscal 2025 ont du bon et du moins bon. Le bon, c’est un cash-flow libre qui se rétablit pour revenir au niveau qu’il occupait il y a quatre ans. Ce redressement aura toutefois nécessité $9 milliards dépensés en acquisitions, sans autre retour sur investissement que d’avoir enrayé un déclin autrement irrésistible. 

Comme nous le disions l’an passé, dans un tel cas, il ferait davantage de sens de compter les acquisitions comme une charge d’investissement courante — du « capex de maintenance » dans le jargon des analystes — et de les soustraire du cash-flow libre mis en avant par le management. 

Le moins bon des derniers résultats à trois mois, c’est que le chiffre d’affaires ne progresse que de 1% par rapport à l’an dernier à la même époque, tiré par le segment software en hausse de 7%. Le segment consulting patine, en baisse de 2% ; et le déclin structurel du segment infrastructure s’accélère, avec une baisse de 6%. En bas de tableau, la marge de profit avant impôt n’atteint qu’un piteux 8.9%.

Nous soulignions l’an dernier que le cash-flow libre avant acquisitions d’IBM avait diminué de 20% en dix ans malgré plus de $40 milliards investis en acquisitions. Les lecteurs qui souvent nous interrogent sur le sens de la création de valeur tiennent ici un exemple probant de destruction de valeur. Voir à ce sujet ABC de l'analyse financière : création vs. destruction de valeur.

Zonebourse était plus favorable sur Kyndryl, l’ancien segment de gestion des data centers du groupe, séparé de ce dernier et désormais coté en bourse de manière indépendante. Voir à ce sujet Kyndryl Holdings, Inc. : Expansion de marges.