Commençons par un rappel. Les dividendes sont une part des bénéfices redistribuée aux actionnaires par une entreprise, généralement à une fréquence trimestrielle (c'est souvent le cas aux Etats-Unis) ou annuelle (plus fréquent en France) et même parfois mensuelle. Ce mécanisme est au cœur de nombreux débats parmi les investisseurs, qui cherchent à déterminer si les dividendes peuvent être la pierre angulaire d’une stratégie financière solide.

Les dividendes comment ça fonctionne ?

Comprendre ce qu’est un dividende est une chose, mais en saisir le fonctionnement en est une autre. Il s’agit de la part des bénéfices versée aux actionnaires, dont la distribution est décidée en assemblée générale. Cette rémunération dépend de nombreux facteurs, notamment la structure du marché, l’histoire et la maturité de l’entreprise, son modèle économique, ses opportunités de réinvestissement et ses choix d’allocation de capital. Ainsi, le versement et l’évolution du dividende sont des décisions stratégiques qui reflètent la politique de l’entreprise. Le versement de dividendes est souvent opposé au rachat d’actions (le buyback), ces derniers permettent d’optimiser la fiscalité en déclarant la plus value seulement à la prise de gain sur des actions. Les dividendes sont culturellement plus ancrés en Europe alors que les entreprises américaines ont souvent plus tendance à faire du buyback.

Un dividende faible peut traduire une volonté d’investir dans la croissance, tandis qu’un dividende élevé peut signaler une priorité donnée à la rémunération des actionnaires. Lorsqu’une société ne réalise pas de bénéfices ou souhaite maintenir un niveau de distribution attractif, elle peut puiser dans ses réserves pour verser des dividendes. Ce mécanisme permet d’assurer une certaine stabilité dans la rémunération des actionnaires, mais il doit être utilisé avec précaution pour ne pas fragiliser l’entreprise sur le long terme. 

Pour qui ?

Construire un portefeuille axé sur les actions à dividendes revient à adopter une stratégie de rendement. Lorsqu’on débute en investissement, le choix de la stratégie dépend du seuil de risque de chacun, mais aussi de sa personnalité, de son intérêt pour la finance et de l’objectif poursuivi (constitution d’un apport, revenus complémentaires, préparation de la retraite, etc.). Percevoir et gérer des dividendes peut s’assimiler à la perception et à la gestion de loyer dans l’immobilier.

Une approche axée sur le rendement convient à ceux qui recherchent une moindre volatilité, sont prêts à analyser quelques rapports financiers et à étudier le modèle économique des entreprises, le tout avec un horizon long terme. L’objectif est de maximiser les effets des intérêts composés en réinvestissant les dividendes perçus pour, en finalité, vivre de ses rentes ou encore bénéficier d’un meilleur niveau de vie une fois à la retraite.

Avant de mettre en place une stratégie axée sur le rendement, il est essentiel de bien comprendre ses implications fiscales. La première étape consiste à se pencher sur la fiscalité locale et sur les différentes enveloppes à disposition pour optimiser son investissement. Par exemple, un investisseur français peut s’appuyer sur des dispositifs comme le PEA ou l’Assurance-Vie. Pour aller plus loin, notre directrice juridique détaille dans cette vidéo tous les points à connaître sur la fiscalité des dividendes et des plus-values.

Comment ça marche ?

Choisir une stratégie d’investissement, c’est restreindre son univers de valeurs pour bâtir un portefeuille en adéquation avec son profil et ses attentes. Dans le cas d’un portefeuille axé sur les dividendes, les actions retenues doivent offrir un rendement attractif, ce qui conduit souvent à privilégier des industries matures au détriment d’une grande diversité sectorielle.

Les entreprises les plus généreuses en dividendes se concentrent généralement dans des secteurs comme le pétrole, la banque, les télécoms ou le tabac, avec quelques exceptions dans la tech, à l’image d’IBM (4,5%). Si ce cadre restreint peut sembler contraignant, il apporte aussi une certaine lisibilité, facilitant le choix des entreprises. Toutefois, certaines sociétés usent de dividendes élevés pour attirer les investisseurs. Un bon rendement ne suffit donc pas : encore faut-il que l’entreprise ait la capacité de maintenir ses distributions sur le long terme, ce qui exige une analyse plus poussée.

Sélectionner les bonnes valeurs

Pour identifier les meilleures valeurs de rendement, il ne suffit pas de se focaliser sur le taux de dividende affiché. Comme le souligne notre rédactrice Odile Dubois dans l’un de ses articles, trois précautions essentielles doivent être prises avant d’investir :

  1. Le cash-flow libre (ou, à défaut, le bénéfice comptable) doit couvrir la distribution des dividendes, on vérifie ce qu’on appelle le payout ratio. Une entreprise qui verse plus qu’elle ne génère s’expose à des coupes brutales dans ses paiements.
  2. Vérifier l’historique de distribution des dividendes. U lne entreprise qui a maintenu ou augmenté ses dividendes sur plusieurs cycles économiques inspire davantage confiance qu’une firme au rendement instable.
  3. Comprendre le modèle économique de l’entreprise. Une analyse purement financière ne suffit pas : il est essentiel d’évaluer la solidité de son activité et d’anticiper d’éventuels ralentissements.

Pour faciliter cette sélection, il existe deux étiquettes de référence : les dividendes aristocrates et les dividendes kings. Une entreprise qui verse des dividendes de manière récurrente et en croissance depuis 25 ans obtient le titre de dividende aristocrate. Lorsqu’elle maintient cette performance sur 50 ans, elle devient alors un dividende king. L’enjeu n’est pas forcément d’atteindre des rendements élevés, mais surtout d’assurer une stabilité des distributions, un critère particulièrement recherché après la crise du COVID-19, qui a conduit de nombreuses entreprises à suspendre leurs versements. Une liste pour les dividendes aristocrates et une autre pour les dividendes kings sont disponibles sur Zonebourse.