Zurich (awp) - Le groupe pharmacutique Idorsia a ramené sa perte semestrielle sous la barre des 200 millions de francs suisses. En raison de la crise sanitaire, le laboratoire d'Allschwil a vu certains programmes de recherche prendre du retard, mais aucune étude n'a dû être interrompue.

Entre janvier et fin juin, les revenus ont plus que quadruplé en rythme annuel, pour s'établir à 58 millions de francs suisses. Cette hausse est à mettre au crédit de paiements contractuels de la part de partenaires: Neurocrine Biosciences (48 millions), Janssen Biotech (6 millions), Roche (3 millions) et Mochida Pharmaceutical (2 millions), détaille l'entreprise jeudi.

Les charges d'exploitation ont été rabotées de 6,3% à 236 millions de francs suisses, ce qui a permis de réduire de plus d'un quart la perte opérationnelle, à 178 millions, et de 18,5% la perte nette, à 189 millions.

L'émission en mai de 11 millions de nouvelles actions a permis à Idorsia de renflouer sa trésorerie de 323 millions de francs suisses. A fin juin, l'entreprise disposait ainsi de liquidités à hauteur de 908 millions, contre 632 millions au bouclement du premier trimestre.

La copie rendue par le groupe bâlois dépasse à tous les niveaux les projections les plus optimistes de la communauté financière. Les analystes sondés par AWP tablaient en moyenne sur des pertes opérationnelle et nette supérieures à 200 millions.

Premier candidat d'ici la fin de l'année

"Le point culminant du premier semestre 2020 aura été pour nous, bien sûr, les résultats positifs en rapport avec le daridorexant pour le traitement de l'insomnie", a fait remarquer le directeur général (CEO) d'Idorsia, Jean-Paul Clozel, signalant qu'une demande d'homologation devrait être soumise aux autorités sanitaires américaines (FDA) "vers la fin de l'année".

Après les résultats d'étude prometteurs pour le futur premier candidat d'Idorsia en avril et en juillet, l'entreprise a mis les bouchées doubles pour déployer une structure de distribution aux Etats-Unis. Celle-ci sera également en charge du développement et de la mise en oeuvre de la stratégie commerciale.

La direction d'Idorsia espère décrocher le sésame du régulateur étasunien pour le daridorexant d'ici fin 2021. "Le lancement commercial doit survenir dans le sillage direct de cette décision, soit dans le courant du premier semestre 2022", a précisé M. Clozel en conférence de presse.

Le dirigeant a toutefois refusé d'articuler un potentiel commercial pour ce qui doit devenir la première source pérenne de revenus, se contentant d'indiquer que 20 millions de résidents aux Etats-Unis consommaient régulièrement des somnifères.

Pour la suite de l'exercice, la direction n'a pas formulé d'objectif en termes de croissance ou de rentabilité, mais a revu marginalement à la baisse ses prévisions de charges d'exploitation selon la norme comptable US-GAAP, désormais attendues à 530 (540) millions de francs suisses.

Des retards mais pas d'interruption

Si certaines études ont été ralenties par la crise sanitaire, aucune n'a dû être interrompue. "Nous avons eu de la chance que l'essentiel du travail pour les phases III en cours ait déjà été réalisé avant l'éclatement de la pandémie et de pouvoir désormais assurer le suivi en ligne", a assuré M. Clozel.

Outre le daridorexant, quatre autres traitements expérimentaux font actuellement l'objet d'études de phase III - clazosentan, aprocitentan, lucerastat, selatogrel - alors que trois se situent en phase II et quatre en phase I. Malgré les retards occasionés par la crise dans le recrutement de patients, Idorsia espère publier les résultats pour le clazosentan encore cette année.

"Quand cela s'est avéré nécessaires, les processus ont été adaptés et des plans d'urgence spécifiques aux études ont été élaborés pour minimiser l'impact de la pandémie et assurer la poursuite générale des études", assure Idorsia dans son communiqué.

Dans une note, Vontobel salue le bond des recettes et la solide maîtrise des coûts du laboratoire bâlois. La banque de gestion souligne par ailleurs que les retards pris dans certains projets de développement en raison de la pandémie avaient été pour la plupart annoncés dès la publication du premier partiel.

A la Bourse, l'action Idorsia a terminé en hausse de 0,2% à 26,96 francs suisses, dans un SPI en baisse 0,35%.

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