(Actualisation: commentaires d'analystes, informations sur le déploiement de la 5G et sur la consolidation du secteur, cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Iliad a abaissé jeudi ses objectifs de trésorerie pour 2020 et 2024, du fait de la hausse prévue des investissements destinés à soutenir l'accélération du nombre de ses abonnés à la fibre optique, mais est parvenu à absorber l'impact financier, estimé à 40 millions d'euros, de la crise sanitaire du coronavirus au cours du premier semestre.

Au deuxième trimestre, Iliad est resté le premier recruteur sur les activités de fibre optique en France pour le cinquième trimestre consécutif. "Nous avons fait de la fibre optique notre priorité industrielle et nos efforts de communication ont porté leurs fruits", a déclaré Thomas Reynaud, le directeur général d'Iliad, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Entre fin mars et fin juin 2020, Iliad a ajouté 243.000 clients à sa base d'abonnés à la fibre optique en France. A fin juin, l'opérateur télécoms dénombrait plus de 2 millions d'abonnés à la fibre dans l'Hexagone, c'est-à-dire le seuil initialement fixé pour la fin de l'année 2020. Face au dynamisme de ce segment, le groupe compte désormais recenser 2,8 millions d'abonnés à la fibre dans en France en 2020. Dans le pays, Iliad vise plus de 5 millions d'abonnés à la fibre en 2024, contre un nombre de 4,5 millions de clients attendu précédemment.

En conséquence des dépenses d'investissement prévues à court terme pour soutenir la forte demande des consommateurs pour les offres d'Iliad dans la fibre, le groupe a été contraint d'abaisser son objectif de trésorerie opérationnelle pour 2020 et 2021 pour ses activités françaises. Ce niveau de trésorerie, calculé en retranchant le montant des investissements à l'excédent brut d'exploitation ajusté (Ebitdaal), devrait dépasser 700 millions d'euros cette année et ressortir à environ 900 millions d'euros l'an prochain. Initialement, Iliad anticipait un solde Ebitdaal-investissements de 800 millions d'euros pour 2020 et de 1 milliard d'euros pour 2021.

"Nous aurions pu atteindre nos objectifs de trésorerie initiaux, mais avons souhaité donner la priorité au recrutement d'abonnés afin de maximiser la création de valeur pour l'actionnaire", a toutefois précisé Nicolas Jaeger, le directeur financier d'Iliad. "Il ne faut pas voir ces investissements comme un coût supplémentaire mais comme de la croissance future", a ajouté le dirigeant.

"La conquête record d'Iliad dans la fibre a pesé sur l'objectif de flux de trésorerie opérationnelle, mais devrait avoir un effet positif et entraîner une hausse des anticipations des analystes à moyen terme", résume JPMorgan Cazenove.

L'action Iliad perdait toutefois 3,6% jeudi vers 12h30, à 171,60 euros, après avoir gagné jusqu'à 2,6% en début de matinée. "Cette baisse du cours de Bourse traduit les questions que se posent certains investisseurs sur le niveau futur des flux de trésorerie, alors que d'autres prennent probablement leurs bénéfices sur un titre qui affiche un bon parcours sur une période récente", explique Thomas Coudry, analyste chez Bryan, Garnier & Co.

Une offre fixe en Italie avant l'été 2021

Iliad a par ailleurs confirmé jeudi ses autres objectifs financiers pour 2020. Pour l'exercice en cours, le groupe anticipe toujours une marge d'exploitation (Ebitdaal) de plus de 40% en France, hors activités "B2B" et vente d'équipements, et une réduction de ses pertes d'exploitation en Italie.

La confiance des dirigeants s'explique par la solidité des résultats enregistrés au premier semestre, au cours duquel la société a absorbé l'impact financier lié à la crise sanitaire du coronavirus, estimé à 40 millions d'euros, et mêlant manque à gagner et surcoûts opérationnels. Entre janvier et juin, le résultat net consolidé d'Iliad s'est inscrit à 208 millions d'euros, contre 62 millions d'euros à la période correspondante de 2019. L'Ebitdaal est ressorti à 876 millions d'euros, en amélioration de 9,4% sur un an, malgré les coûts associés au déploiement des réseaux. Cet indicateur s'est bonifié de 5,6% en France, à 960 millions d'euros. En Italie, l'Ebitdaal du premier semestre a été une perte de 84 millions d'euros, mais elle s'est réduite de 24 millions d'euros en un an.

Le chiffre d'affaires du premier semestre a atteint 2,78 milliards d'euros (+6,8%), notamment porté par l'accélération de 76,2% des ventes en Italie, à 312 millions d'euros. Dans le pays, Iliad a recruté 454.000 abonnés au deuxième trimestre et recensait ainsi 6,26 millions d'abonnés à fin juin.

L'opérateur télécoms, qui dispose à ce jour d'une part de marché de 8% dans le mobile en Italie, a annoncé jeudi le lancement d'une offre fixe avant l'été 2021 dans le pays, mais n'est pas encore en mesure de détailler les contours de ce nouveau service. "Il est trop tôt pour en dire plus", a averti Thomas Reynaud. Toujours en Italie, la maison mère de Free espère réaliser un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros "à long terme" et atteindre l'équilibre en matière d'Ebitdaal avec une part de marché inférieure à 10%.

Dans l'Hexagone, le chiffre d'affaires d'Iliad est ressorti en amélioration de 1,8% au premier semestre, à 2,48 milliards d'euros, soutenu par une croissance de 4,4% des activités dans le mobile et de 1,8% dans le fixe, hors ventes d'équipements. Toujours en France, le revenu moyen par abonné (ARPU) haut débit et très haut débit s'est établi à 31,90 euros au deuxième trimestre de 2020, contre 32,40 euros un an plus tôt.

En matière de recrutement, Free a vu sa base d'abonnés à la téléphonie mobile progresser de 80.000 clients entre fin mars et fin juin 2020 en France, à 13,41 millions. Dans le fixe, la base d'abonnés s'est élargie de 65.000 clients sur la même période, à 6,57 millions. Les analystes d'Invest Securities qualifient cette dynamique commerciale de "solide".

Concernant le lancement à venir de la technologie mobile de cinquième génération (5G) en France, Thomas Reynaud a indiqué qu'Iliad "se tenait prêt" à participer à la vente aux enchères des fréquences nécessaires au déploiement de cette technologie, devant débuter dans les prochaines semaines. Dans ce contexte, le passage de quatre à trois opérateurs télécoms en France "n'est pas d'actualité", a assuré Thomas Reynaud.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV - ECH

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