PARIS (Reuters) - Le consortium d'investisseurs emmené par Leon Bressler et Xavier Niel a annoncé jeudi avoir franchi le seuil des 5% du capital d'Unibail-Rodamco-Westfield (URW), marquant ainsi une nouvelle étape dans son offensive contre la direction de l'exploitant de centres commerciaux dont il conteste le projet de plan de renforcement financier.

Dans un communiqué publié le 15 octobre, ce consortium emmené par l'ancien PDG d'Unibail et le patron d'Iliad demandait à tous les actionnaires d'URW de voter contre le projet qui prévoit notamment une augmentation de capital de 3,5 milliards d'euros et qui sera soumis au vote de l'assemblée générale le 10 novembre.

Ce consortium détenait alors 4,1% du capital de l'exploitant de centres commerciaux.

De son côté, la direction d'URW a assuré que l'augmentation de capital était "indispensable et immédiate" pour renforcer le bilan du groupe dans un environnement volatil et risqué.

Le numéro un mondial de l'immobilier commercial, issu de la fusion en 2018 d'Unibail-Rodamco et de Westfield, est touché de plein fouet par les restrictions liées à la pandémie de coronavirus et par la baisse de la fréquentation des centres commerciaux.

En Europe, ses ventes ont baissé de 16% en août sur un an, après un repli de 21% en juillet et de 33% en juin, selon des données publiées mi-septembre.

Dans un entretien à BFM Business, l'ancien dirigeant d'Unibail entre 2005 et 2013, Guillaume Poitrinal, a vivement critiqué le projet d'augmentation de capital.

"La crise a révélé un défaut stratégique, elle a révélé que cette acquisition de Westfield a crée autour de 10 à 12 milliards de pertes, c'est absolument considérable", a-t-il dit.

"On est au milieu de la crise du COVID (...) ce n'est pas le moment aujourd'hui d'augmenter le capital. Tout simplement, parce que ce papier, personne n'en veut. Vous augmentez le capital quand vous êtes quelqu'un de responsable, quand vous avez de la demande en face", a-t-il ajouté, assurant n'avoir "pas d'intérêt financier" avec Leon Bressler et Xavier Niel.

Jeudi, l'action URW chutait de 4,59% à 37,57 euros à 10h41, accusant la plus forte baisse du CAC 40, en repli de 0,58% au même moment.

Le groupe a perdu 73% de sa valeur boursière depuis le début de l'année.

(Blandine Hénault, édité par Jean-Stéphane Brosse)