Bank of Ireland, seule banque du pays à avoir échappé à la nationalisation après la crise financière et l'effondrement du marché immobilier, a néanmoins enregistré une chute de 60% de son résultat opérationnel l'an dernier, ressorti à 411 millions d'euros avant provision en raison de coûts de financement élevés, de la faiblesse de la demande de crédit et de la cession d'actifs à plus haut rendement.

Et la banque a prévenu que le faible niveau des taux d'intérêt rendrait difficile la réalisation de son objectif d'une marge nette d'intérêt en 2014.

Les retraits de dépôts et le coût de la garantie gouvernementale sur son passif ont amputé de 13 points de pourcentage la marge de la banque l'an dernier, ramenée à 1,33%.

Bank of Ireland, qui est parvenue en 2011 à lever suffisamment de capitaux pour respecter les objectifs de fonds propres fixés par la banque centrale, s'attache à réduire sa base de coûts, à améliorer son financement et à se libérer d'une garantie gouvernementale coûteuse.

A fin 2011, son ratio core Tier 1 s'établissait à 15,1% et elle s'était affranchie du dispositif de soutien exceptionnel à la liquidité bancaire (ELA) mis en place par la banque centrale. Elle avait aussi réduit sa dépendance au refinancement BCE à 23 milliards d'euros, contre 33 milliards en 2010, et supprimé 7% de ses effectifs d'une année sur l'autre.

Le directeur général Richie Boucher n'a pas exclu de nouvelles baisses d'effectifs mais sans en préciser l'ampleur.

"Ces résultats montrent que la banque a touché un point bas dans ses résultats avant provisions en 2011 et que (les résultats) devraient connaître une tendance à l'amélioration", souligne Stephen Lyons, analyste crédit chez Davy Stockbrokers.

L'action Bank of Ireland, en forte hausse au cours du mois écoulé, gagnait plus de 7% à 0,15 euro.

CESSION DE PRÊTS EN VUE

La perte opérationnelle avant impôt a été réduite de plus de la moitié, à 1,5 milliard d'euros, alors que les comptes 2010 avaient été impactés par le transfert d'une partie du portefeuille de prêts à la "bad bank" publique.

Bank of Ireland, qui s'attend à voir les dépréciations diminuer au fil du temps, en a passé pour 1,94 milliard d'euros au titre de 2011 contre 1,86 milliard en 2010.

L'encours de dépôts a atteint 71 milliards d'euros à fin 2011, augmentant de 8 milliards au second semestre, principalement en provenance de la filiale britannique. Le secteur bancaire irlandais dans son ensemble a vu son encours de dépôts progresser de 6 milliards sur la seconde moitié de 2011, selon les statistiques du ministère des Finances.

La part des prêts immobiliers aux propriétaires-occupants avec des arriérés de paiement de plus de 90 jours a progressé à 5,6%, contre 3,7% un an auparavant, mais reste inférieure à celle de l'ensemble du secteur, qui s'établit à 9,2%.

Pour les prêts aux propriétaires-bailleurs, partie la plus sinistrée du portefeuille de prêts hypothécaires, cette part a presque doublé, à 10,8%. Le directeur général a toutefois estimé qu'avec la stabilisation du chômage, la part des prêts présentant des arriérés d'intérêt connaîtrait un pic en 2012.

Richie Boucher a ajouté que Bank of Ireland, qui a utilisé l'opération de refinancement à trois ans de la BCE de décembre pour convertir 7,5 milliards d'euros de financement à court terme en ressources à moyen terme, participerait très vraisemblablement à la deuxième opération, le 29 février.

Il a précisé que la banque, détenue à 15% par l'Etat, discutait la cession d'une partie de ses prêts dans le cadre du processus qui l'a déjà conduite à ramener son ratio prêts sur dépôts à 144% contre 175% à la fin 2010.

Marc Joanny pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par Padraic Halpin