FRANCFORT (dpa-AFX) - Malgré la révision à la baisse de ses objectifs annuels, l'action du fabricant de puces Infineon s'est hissée jeudi parmi les valeurs les plus performantes du Dax et a fortement progressé. L'attention s'est moins portée sur les chiffres et les objectifs de la société munichoise que sur les spéculations concernant la suspension et la modification des restrictions à l'exportation de puces pour l'intelligence artificielle par le gouvernement américain.

Selon l'agence de presse Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, le président américain Donald Trump ne souhaite pas laisser entrer en vigueur certaines restrictions sur les puces IA mises en place par son prédécesseur Joe Biden. Cela a stimulé les valeurs technologiques allemandes, mais aussi l'ensemble du secteur technologique.

Enfin, selon les analystes d'Infineon, le deuxième trimestre a été solide et la rentabilité élevée. La révision à la baisse des perspectives s'explique par la faiblesse du dollar américain et les turbulences douanières. Si l'on exclut ces facteurs, les objectifs restent conformes aux attentes, a écrit Sandeep Deshpande, expert chez JPMorgan.

Infineon a temporairement bondi à 31,39 euros. Il s'agit de son plus haut niveau depuis fin mars, avant que Trump ne proclame début avril la « journée de libération » des États-Unis avec des mesures douanières drastiques et que la Chine ne réagisse par des contre-mesures. L'action Infineon a finalement clôturé en hausse de 3,5 %, à 31,32 euros.

Jeudi, le secteur des puces et des technologies affichait une tendance positive dans toute l'Europe. Aixtron a gagné 4 % dans le MDax et Elmos a progressé de 3 % dans le SDax. Dans l'EuroStoxx 50, ASML a également profité de la hausse de 5 % et STMicro a augmenté de 3,6 % à Paris.

Aux États-Unis, de nouveaux gains sont également attendus avant l'ouverture de la bourse. Nvidia a ainsi gagné 1,7 %, après que l'action du spécialiste des puces pour l'intelligence artificielle avait déjà réagi la veille en fin de séance et progressé de 3,1 %. Broadcom, qui avait déjà bondi avant la clôture, a gagné 2,4 % supplémentaires avant l'ouverture. Un trader a expliqué que certaines actions aux États-Unis n'avaient pas réagi de manière trop forte ou presque pas mercredi, car il s'agissait globalement « seulement d'un assouplissement et non d'une suppression complète des réglementations ».

Selon Bloomberg, l'administration Trump souhaite revoir les restrictions à l'exportation des technologies d'IA adoptées sous l'administration Biden, car elles se sont heurtées à une forte opposition de la part des grands groupes technologiques et de nombreux gouvernements étrangers. Les restrictions à l'exportation devaient initialement entrer en vigueur jeudi prochain, le 15 mai. Mais cela ne se fera pas, a-t-on annoncé. Parallèlement, selon le Wall Street Journal, plusieurs mois pourraient s'écouler avant qu'un nouveau plan ne soit élaboré. Il s'agirait notamment d'examiner comment refuser l'accès à la Chine sans nuire aux entreprises technologiques américaines.

Les experts de la Commerzbank ont déclaré : « Le président Biden avait présenté la règle dite de diffusion de l'IA lors de sa dernière semaine au pouvoir. Elle classe les pays en trois niveaux avec un accès différent aux puces avancées. Les détracteurs ont fait valoir que cette règle était trop complexe et qu'elle pourrait entraver l'innovation américaine. »

L'administration Trump prévoit désormais de la remplacer par un système mondial simplifié d'octroi de licences, qui reposerait sur des accords gouvernementaux directs, ont-ils écrit. Le ministère du Commerce a déclaré vouloir appliquer une « règle beaucoup plus simple » qui libérerait l'innovation américaine et garantirait la domination des États-Unis dans le domaine de l'IA.

Selon les experts de la Commerzbank, cela a finalement fait grimper l'indice Philadelphia Semiconductor (SOX) de 1,7 % la veille, lui permettant ainsi de poursuivre sa forte reprise depuis son creux de début avril. Depuis, l'indice sectoriel affiche à nouveau une hausse de près de 30 % et sa baisse depuis le début de l'année s'est réduite à 12 %.

Les investisseurs espèrent également une accalmie dans le conflit douanier mondial. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont conclu un accord commercial « complet et global ». C'est ce qu'a annoncé jeudi le président américain Donald Trump ; il s'agit du premier accord majeur conclu par les États-Unis depuis la suspension des droits de douane par M. Trump. /ck/tih/jha/