Ancien directeur de la technologie de l'éditeur allemand de logiciels SAP, Vishal Sikka dirigeait Infosys depuis 2014 et était le premier directeur général de la société à ne pas être issu des rangs des fondateurs.

L'annonce de son départ a pris de court les investisseurs et l'action Infosys a clôturé sur une perte de 9,56%, après avoir plongé en séance de plus de 13% à 884,20 roupies, au plus bas depuis trois ans. Cette baisse a ainsi effacé un peu plus de quatre milliards d'euros de capitalisation boursière.

U.B. Pravin Rao, directeur général adjoint d'Infosys, a été nommé directeur général par intérim. Il sera sous la responsabilité de Sikka, qui occupera le poste de vice-président exécutif en attendant la nomination d'un nouveau directeur général, ce qui devrait arriver au plus tard fin mars 2018, a dit Infosys.

Le conseil d'administration a exprimé son soutien à Sikka et déclaré dans un communiqué que les attaques permanentes à son encontre du fondateur et ex-président du groupe Narayana Murthy constituaient la principale cause de son départ.

Narayana Murthy s'est quant à lui dit "extrêmement affecté par ces allégations, le ton et la teneur des déclarations", ajoutant que la dégradation de la gouvernance de l'entreprise était sa principale préoccupation.

Selon plusieurs médias, Murthy avait jugé récemment dans un courrier électronique adressé à certains administrateurs indépendants du groupe que Sikka n'avait "pas l'étoffe d'un directeur général mais celle d'un directeur de la technologie".

SIKKA PARLE D'ATTAQUES "FAUSSES, INFONDÉES, MALVEILLANTES"

Les fondateurs d'Infosys, qui détiennent encore 12,75% du capital, s'étaient auparavant opposés à plusieurs décisions prises par le conseil, entre autres des augmentations de salaires accordées à Sikka et Rao ainsi que des indemnités de départ accordées à d'autres cadres, dont l'ancien directeur financier Rajiv Bansal.

"Je ne peux pas mener à bien mon travail en tant que PDG et continuer à créer de la valeur tout en me défendant constamment contre des attaques fausses, infondées, malveillantes et de plus en plus personnelles", écrit Sikka sur un blog, évoquant un climat devenu "insoutenable".

Sikka était très différent des anciens dirigeants d'Infosys et passait davantage de temps aux Etats-Unis, où le groupe réalise l'essentiel de son chiffre d'affaires. Charismatique, il était parfois comparé à Steve Jobs, le fondateur d'Apple, car il portait régulièrement un tee-shirt noir et une veste au lieu d'un costume.

Sous sa direction, Infosys, deuxième capitalisation boursière indienne dans les services informatiques à un peu plus de 27 milliards d'euros, a vu son cours de Bourse progresser de plus de 20% au cours de clôture de jeudi. Sur la même période, l'indice Nifty des principales valeurs technologiques indiennes a gagné environ 5%.

"L'attente d'un nouveau directeur général et de son adjoint crée un certain degré d'incertitude et place l'entreprise dans une certaine forme de flou stratégique", souligne Apurva Prasad, analyste chez HDFC Securities.

La démission de Sikka coïncide avec une conjoncture difficile pour le secteur des services informatiques en Inde, confronté à un ralentissement des nouveaux contrats en Occident et qui se prépare à l'annonce de nouvelles règles en matière de visas d'entrée aux Etats-Unis.

Infosys compte parmi ses clients de grandes entreprises multinationales comme Apple, Volkswagen et Wal-Mart Stores.

(Samantha Kareen Nair et Sankalp Phartiyal; Juliette Rouillon et Claude Chendjou pour le service français, édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : SAP, Infosys Ltd