Directeur financier du groupe depuis moins de deux ans, Robert Swan avait pris les rênes d'Intel en juin 2018 à titre temporaire après la démission de Brian Krzanich, une enquête ayant révélé qu'il avait eu une liaison avec une personne salariée du groupe, une infraction au règlement intérieur.

Intel a également annoncé que Todd Underwood, actuel vice-président des finances, devenait directeur financier à titre temporaire, le temps de trouver un remplaçant à Robert Swan pour ce poste.

Avec Robert Swan, qui devient son septième directeur général, Intel rompt avec la tradition qui voulait que le groupe soit dirigé par des ingénieurs choisis après avoir passé des décennies au sein de l'entreprise et avoir passé du temps à la fois dans l'architecture des microprocesseurs et dans les activités de fabrication.

Car le nouveau patron n'a rejoint le groupe qu'en 2016 après avoir été pendant neuf ans chargé des finances chez eBay. Etant donné son peu d'expérience dans l'industrie manufacturière, beaucoup d'analystes avaient d'ailleurs estimé peu probable qu'il soit nommé directeur général d'Intel.

Il avait lui-même déclaré sur CNBC il y a une vingtaine de jours qu'il n'était pas intéressé par les fonctions de directeur général d'Intel. Selon des sources proches du dossier, Robert Swan avait cependant déclaré en privé qu'il accepterait le poste s'il lui était proposé.

"SOLIDE COMME UN ROC"

A Wall Street, Intel reculait de 2,5% vers la mi-séance, figurant parmi les fortes baisses du Dow Jones, quasi inchangé.

"Swan est un dirigeant et un directeur financier solides comme un roc", a commenté Chaim Siegel, analyste chez Elazar Advisors. "Je suppose que le titre baisse car les investisseurs espéraient peut-être le nomination de quelqu'un davantage centré sur l'opérationnel en ces temps de transition (pour le secteur des puces électroniques)".

Robert Swan devra redresser les activités de fabrication et contrer les nouveaux venus qui grignotent la domination d'Intel dans les ordinateurs personnels et les centres de données.

Ces dernières décennies, l'industrie des puces s'est scindée entre la conception et la fabrication. Intel est l'un des rares à tenter à la fois de concevoir et de fabriquer des puces. Mais il a dû faire face à une concurrence féroce et a cédé l'an dernier le titre de numéro un mondial à Taiwan Semiconductor Manufacturing.

La menace grandit aussi de côté de rivaux comme Advanced Micro Devices et Nvidia qui ne fabriquent pas leurs propres puces.

Robert Swan poursuivra très probablement la stratégie adoptée par Intel ces dernières années, qui consiste à identifier les domaines où s'étendre au-delà des processeurs qui sont son coeur de métier, comme les puces à intelligence artificielle, a déclaré Stacy Rasgon, analyste chez Bernstein.

"Bob gardera le navire à flot", a-t-il dit. "Espérons qu'il n'y aura pas d'iceberg."

Robert Swan a maintenu le bénéfice d'Intel en cohérence avec un strict contrôle des coûts, selon des analystes. Il a permis un rebond du titre en Bourse après les craintes suscitées en juillet par la révélation qu'Intel ne tiendrait pas le calendrier prévu pour commercialiser ses puces de dernière génération. Le titre est cependant resté à la traîne du secteur des technologies dans les mois suivants.

Des questions subsistent quant à la capacité d'Intel de commercialiser sa prochaine génération de puces de 10 nanomètres d'ici la fin de l'année pour les ordinateurs personnels et au début de l'année prochaine pour les centres de données.

"Nos ambitions n'ont jamais été aussi grandes et nous détenons une part relativement petite du plus grand marché potentiel de l'histoire d'Intel", a déclaré Robert Swan dans une lettre aux salariés du groupe. "Nous devons rester concentrés sur le jeu offensif et l'innovation pour un monde de plus en plus centré sur les données."

Il y a une semaine, Intel a annoncé des prévisions inférieures aux attentes pour le trimestre en cours et son chiffre d'affaires du quatrième trimestre a raté le consensus, sous le coup du ralentissement en Chine et de la baisse de la demande pour ses puces pour modems et centres de données.

(Avec Supantha Mukherjee et Sonam Rai à Bangalore, Benoit Van Overstraeten et Dominique Rodriguez pour le service français)

par Stephen Nellis