Intel a annoncé jeudi des prévisions de revenus pour le deuxième trimestre inférieures aux attentes de Wall Street, jetant une ombre sur la première publication de résultats du nouveau PDG, Lip-Bu Tan, dans un contexte de guerre commerciale sino-américaine toujours aussi intense.

Cette perspective morose pourrait renforcer le pessimisme des investisseurs, qui comptent sur Tan pour redresser le fabricant de puces après plusieurs années d'erreurs stratégiques ayant freiné sa percée sur le marché en plein essor de l'intelligence artificielle.

Basée à Santa Clara, en Californie, la société table sur un chiffre d'affaires compris entre 11,2 et 12,4 milliards de dollars pour le trimestre de juin, alors que le consensus des analystes, compilé par LSEG, s'établissait à 12,82 milliards de dollars.

« L'environnement macroéconomique actuel génère une incertitude accrue dans l'ensemble du secteur, ce qui se reflète dans nos prévisions », a déclaré le directeur financier David Zinsner dans un communiqué.

Alors que Lip-Bu Tan s'efforce de rationaliser l'entreprise et de réduire les coûts, Intel a également annoncé abaisser son objectif de dépenses d'exploitation ajustées à environ 17 milliards de dollars en 2025, contre 17,5 milliards précédemment, et vise désormais 16 milliards en 2026.

L'entreprise a également revu à la baisse son objectif de dépenses d'investissement brut, à 18 milliards de dollars pour 2025, contre 20 milliards auparavant.

« Intel prend des mesures pour améliorer l'exécution et l'efficacité à tous les niveaux de l'entreprise. Le plan prévoit de rationaliser l'organisation et de supprimer des niveaux hiérarchiques », précise le groupe dans un communiqué.

Si le président américain Donald Trump a, pour l'instant, épargné les semi-conducteurs des droits de douane, les lourdes taxes de rétorsion imposées par Pékin sur les puces américaines assombrissent les perspectives de ventes d'Intel en Chine, habituellement son principal marché.

Les puces fabriquées aux États-Unis devraient être soumises à des droits de douane de 85 % ou plus, selon une note de l'Association chinoise de l'industrie des semi-conducteurs, soutenue par l'État, publiée plus tôt en avril.

La Chine importe chaque année pour 10 milliards de dollars de puces américaines. Environ 8 milliards de dollars concernent des unités centrales de traitement (CPU) assemblées par Intel aux États-Unis, selon les analystes de Bernstein.

Le chiffre d'affaires d'Intel au premier trimestre est resté stable à 12,67 milliards de dollars, dépassant les prévisions qui tablaient sur 12,30 milliards.

Pour le deuxième trimestre, la société anticipe un bénéfice ajusté par action à l'équilibre, contre une estimation moyenne d'un bénéfice de 6 cents par action.

La volonté d'Intel de devenir un fabricant sous contrat de puces, stratégie initiée par le prédécesseur de Tan, Pat Gelsinger, pèse sur les finances du groupe, qui investit des milliards dans la mise en place d'usines de fabrication de pointe.