Chargé de ce rapport sur l'évolution de l'opérateur boursier, Thierry Francq estime qu'il existe aujourd'hui une convergence de vues entre la société et les grands acteurs financiers pour saisir cette "opportunité historique" de relance d'un Euronext européen.

Au ministère de l'Economie, on souligne que disposer d'une place financière forte est une question de souveraineté pour un pays mais aussi "crucial pour répondre aux besoins de financement des entreprises".

Dans ce contexte, le gouvernement mènera une "action forte et ciblée" pour cristalliser "ce consensus qui ne semble pas faire de doutes", indique-t-on.

La publication de ce rapport est intervenue après l'annonce en fin de semaine par NYSE Euronext et ICE de l'obtention de l'ensemble des autorisations nécessaires à leur fusion.

ICE a déjà indiqué son intention de ne conserver que la partie dérivés négociés à Londres des activités européennes de NYSE Euronext et d'introduire en Bourse début 2013 la partie Euronext, l'opérateur historique des Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne.

Le rapport de Thierry Francq, qui était prêt depuis le début de l'été, énumère un certain nombre de conditions, qui ont été remplies depuis, pour la relance d'un marché financier à Paris en saisissant l'opportunité de cette "autonomisation d'Euronext".

"NOYAU DUR" D'ACTIONNAIRES

Il s'agissait notamment de s'assurer qu'Euronext ait les reins suffisamment solides pour se développer de façon autonome et nouer des alliances avec d'autres opérateurs d'Europe continentale.

"J'arrive à la conclusion que 'oui'", a dit Thierry Francq, un ancien secrétaire général de l'AMF (Autorité des marchés financiers), qui dit avoir eu accès aux comptes du groupe.

Le renouvellement le mois dernier des accords qui lient Euronext avec la chambre de compensation LCH Clearnet pour la négociation de produits dérivés était une autre condition nécessaire, de même que doter Euronext d'un actionnariat stable pour son retour en Bourse.

Sur ce point, ICE a accepté de conserver, de concert avec les premiers actionnaires stratégiques, 25% du capital de la future Euronext continentale sur une période de trois ans, le temps de structurer un "noyau dur" d'actionnaires. "C'est ce qui a été obtenu", a dit Thierry Francq.

Ce noyau dur devrait regrouper les principaux acteurs des places financières concernées, des banques et des assureurs.

Leur mobilisation n'est pas simple, sur fond de grogne du monde financier devant la forte hausse de sa charge fiscale (taxe sur les salaires, taxe sur les risques systémiques) au moment où les nouvelles normes réglementaires obligent les banques à renforcer fortement leurs fonds propres.

Au ministère de l'Economie, on veut croire que le sujet est "assez largement derrière nous" avec la volonté exprimée par le gouvernement de stabiliser la fiscalité.

Mais le débat tourne aussi autour de la taxe sur les transactions financières envisagée par onze pays européens, dont l'impact sur les activités d'Euronext risque de ne pas être négligeable.

Si elle soutient le principe de cette taxe, la France entend qu'elle n'affecte pas le financement de l'économie, fait-on valoir à Bercy.

Yann Le Guernigou, édité par Cyril Altmeyer

Valeurs citées dans l'article : NYSE Euronext, IntercontinentalExchange Inc