GENEVE (Reuters) - L'Association du transport aérien international (IATA) a déclaré mardi prévoir un chiffre d'affaires de plus de mille milliards de dollars pour l'industrie ainsi qu'un nombre record de passagers pour l'année 2025, malgré ce que son directeur Willie Walsh a qualifié de difficultés "inacceptables" en termes d'approvisionnement de nouveaux avions.

Dans le monde entier, les compagnies aériennes ont vu leur croissance entravée par les retards de livraison chez Boeing et Airbus. Sans avoir accès à de nouveaux avions plus efficaces, le secteur craint de ne pas pouvoir abaisser les coûts de carburant tout en transportant plus de passagers.

"Nous leur avons donné du temps. Je pense que nous perdons patience. La situation est inacceptable", a déclaré Willie Walsh de l'IATA à des journalistes à Genève.

Les fournisseurs se comportent comme s'ils avaient un "quasi-monopole" et semblent profiter des problèmes qu'ils ont causés, a-t-il critiqué.

"Nous allons devoir redoubler de pression et potentiellement chercher du soutien afin de forcer les fournisseurs clés à se reprendre en main", a déclaré Willie Walsh, qui est l'ancien directeur de British Airways et de sa maison-mère IAG.

Malgré ces problèmes, l'IATA a indiqué s'attendre à ce que l'industrie génère un bénéfice net de 36,6 milliards de dollars (34,75 milliards d'euros) en 2025, comparé aux 31,5 milliards de dollars attendus pour l'année 2024. Elle prévoit également un trafic de 5,2 milliards de passagers.

Depuis que l'industrie s'est effondrée avec la pandémie de COVID-19 en 2020, enregistrant une perte de 140 milliards de dollars, la demande a repris de plus belle. Les prix du carburant devraient également baisser, offrant un peu de répit aux compagnies.

Willie Walsh s'est montré positif quant au second mandat de Donald Trump, précisant que sa politique lors de son premier mandat avait profité au secteur.

"Il semble probable que la seconde administration Trump revienne sur certaines des politiques de l'administration Biden", a-t-il déclaré.

"Je pense que l'administration Trump sera un positif net pour l'industrie", a-t-il ajouté.

En revanche, en ce qui concerne l'utilisation de carburants aéronautiques éco-responsables (SAF), l'industrie n'avance pas encore à un rythme suffisant pour atteindre ses objectifs, a déploré Willie Walsh lors du même événement.

L'IATA a l'intention d'atteindre son objectif "zéro émissions nettes" d'ici 2050.

"Nous ne progressons pas aussi rapidement que nous l'avions espéré et nous ne progressons certainement pas assez", a-t-il expliqué aux journalistes.

Aujourd'hui, le SAF ne représente que 0,3% de l'utilisation mondiale de carburant aéronautique et ne devrait représenter que 0,7% d'ici 2025, selon les données de l'IATA.

Une étude de l'IATA présentée mardi a montré que la production mondiale de carburant éco-responsable en 2024 n'avait atteint qu'une tonne métrique, un chiffre moins élevé que les attentes du groupe, qui tablait sur 1,5 tonne métrique.

Selon des experts, ce rythme doit s'accélérer considérablement si le secteur entend atteindre ses objectifs d'émissions.

(Reportage Joanna Plucinska et Emma Farge; version française Pauline Foret, édité par Kate Entringer)

par Joanna Plucinska et Emma Farge