Milan (awp/afp) - La première banque italienne Intesa Sanpaolo a vu son bénéfice net chuter de 22,1% à 2,35 milliards d'euros au premier semestre, plombé par des dépréciations de créances dues à son exposition à la Russie et à l'Ukraine.

Ce résultat, publié vendredi, est cependant supérieur au consensus des analystes de Factset qui tablaient sur un bénéfice net de 2,01 milliards d'euros.

Les provisions brutes d'Intesa Sanpaolo concernant la Russie et l'Ukraine s'élèvent à 1,1 milliard d'euros sur le semestre, dont 1 milliard d'euros lié aux prêts et 33 millions d'euros aux titres et biens immobiliers.

A l'inverse, sa concurrente UniCredit avait annoncé mercredi une hausse de 18,9% de son bénéfice net à 2,28 milliards d'euros au premier semestre, après avoir ramené à zéro ses provisions pour pertes sur prêts au deuxième trimestre.

Sans les provisions dues à la guerre en Ukraine, le bénéfice net d'Intesa Sanpaolo aurait atteint 3,28 milliards d'euros, un résultat "conforme à l'objectif de plus de 5 milliards d'euros fixé pour l'année en cours", assure la banque.

Ces résultats "démontrent une fois de plus qu'Intesa Sanpaolo est capable, même dans des contextes extrêmement complexes, de générer des revenus importants et durables", a commenté son patron Carlo Messina.

Confrontée à son exposition à la Russie et à l'Ukraine, la banque a cependant confirmé avoir revu à la baisse son objectif de bénéfice net pour 2022, prévoyant désormais un résultat compris entre 3 et 4 milliards d'euros.

Objectif 2025 maintenu

M. Messina a maintenu l'objectif d'un bénéfice net de 6,5 milliards d'euros à l'horizon 2025 et un taux de distribution de 70% pour le paiement des dividendes pour chaque année du plan stratégique.

Le bénéfice net a reculé de 11,7% à 1,33 milliard d'euros au premier trimestre, une baisse due là aussi à des provisions pour la Russie et l'Ukraine qui ont atteint 292 millions d'euros.

Au premier semestre, les revenus de la banque ont reculé de 0,3% à 10,75 milliards d'euros au premier semestre, tout en restant légèrement supérieurs aux prévisions des analystes.

Les commissions nettes ont baissé de 4,9% à 4,53 milliards d'euros. Le revenu net d'intérêts a légèrement augmenté, de 0,8%, pour atteindre 4,05 milliards d'euros, dans un contexte de hausse des taux sur les marchés.

Le ratio de fonds propres durs (common equity Tier 1) de la banque, indice qui mesure sa capacité à faire face à une crise, a diminué à 12,5% fin juin, compte tenu du paiement de dividendes.

La banque a poursuivi la réduction de son stock de créances douteuses brutes, qui a baissé de 4,1 milliards d'euros depuis la fin 2021 et de 54 milliards depuis son pic en septembre 2015. Le stock s'élève désormais à 6,2 milliards d'euros, un plus bas historique.

Interrogé sur l'exposition à Banca Intesa Russie, spécialisée dans les services aux entreprises, M. Messina a assuré qu'elle était désormais réduite à "zéro" en termes de fonds propres. "Nous avons complètement déprécié notre filiale", a-t-il expliqué lors d'une conférence avec des analystes.

Intesa Sanpaolo avait annoncé en avril avoir mis fin à "tout nouveau financement" de sociétés russes ou bélarusses depuis le début de la guerre en Ukraine en février. Elle a aussi cessé d'investir dans des instruments financiers russes ou bélarusses.

afp/rp