PHOENIX, Arizona/ALPHARETTA, Géorgie (Reuters) - L'issue de la bataille pour le contrôle du Congrès américain reste incertaine mercredi au lendemain des élections de mi-mandat, de nombreux sièges considérés comme décisifs restant à pourvoir, mais l'hypothèse d'une "vague rouge" qui assurerait aux Républicains une majorité dans les deux chambres semble s'éloigner.

Dernière victoire emblématique en date attribuée, celle du siège de sénateur de Pennsylvanie remporté par John Fetterman face au républicain Mehmet Oz, un médecin devenu célèbre lors d'émissions de télévision, ce qui renforce les chances du camp du président Joe Biden de garder le contrôle du Sénat.

L'ambiance à la Maison blanche s'est donc améliorée au fil des heures, des conseillers qui semblaient nerveux en début de soirée se montrant ensuite plus souriants et évoquant de premiers résultats meilleurs qu'attendu. Joe Biden lui-même a publié sur Twitter une photo le montrant félicitant par téléphone certains nouveaux élus.

Les Républicains devraient néanmoins reprendre la majorité à la Chambre des représentants, ce qui leur permettrait de bloquer certains projets de l'administration Biden pendant les deux ans à venir avant la prochaine présidentielle.

Au dernier décompte, ils avaient gagné six sièges détenus auparavant par des Démocrates selon les projections d'Edison Research, alors que cinq leur suffisent pour devenir majoritaires.

Mais ce chiffre peut encore évoluer: les résultats ne sont acquis que dans 13 des 53 circonscriptions les plus disputées selon l'analyse par Reuters des principales projections indépendantes, ce qui implique que l'issue finale pourrait se faire attendre pendant encore des heures, voire des jours.

Le parti du président perd presque systématiquement des sièges lors des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.

PELOSI SE FÉLICITE DE LA RÉSISTANCE DES DÉMOCRATES

Mais côté républicain, l'espoir d'une "vague rouge" s'est affaibli au fil des heures, les Démocrates montrant une résistance surprenante dans plusieurs duels décisifs. Le camp démocrate est ainsi donné gagnant dans 11 des 13 circonscriptions les plus serrées.

"Ça n'est absolument pas une vague républicaine, c'est vraiment sûr", a déclaré le sénateur républicain Lindsey Graham à NBC.

Pour la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui s'est exprimée dans un communiqué, "il est clair que les membres démocrates de la Chambre et les candidats dépassent largement les attentes dans tout le pays".

La décision prise en juin par la Cour suprême de remettre en cause le droit à l'avortement à l'échelon fédéral semble, comme attendu, avoir remobilisé une partie des électeurs démocrates.

Pour le Sénat, des duels importants restent à trancher en Arizona, dans le Nevada et en Géorgie. Dans ce dernier cas, il faudra peut-être même un second tour le 6 décembre pour connaître le vainqueur.

Les deux camps du Congrès détenaient jusqu'à présent 50 sièges chacun au Sénat, la majorité du camp présidentiel n'étant assurée que par la voix de la vice-présidente, Kamala Harris.

Trente-cinq sièges de sénateurs sur 100 étaient à pourvoir mardi, tout comme les 435 sièges de la Chambre et une trentaine de postes de gouverneur d'Etat. En Floride, le gouverneur Ron DeSantis, l'un des plus probables candidats potentiels à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2024, l'a emporté sur le démocrate Charlie Crist, selon les projections d'Edison Research.

LE DROIT À L'AVORTEMENT ET L'INFLATION ONT MOTIVÉ LES ÉLECTEURS

Plus de 46 millions d'électeurs ont voté par anticipation, soit par courrier, soit en personne, selon les données du US Election Project, et les autorités électorales ont prévenu que le dépouillement de ces bulletins prendrait du temps.

Outre le droit à l'avortement, l'inflation, au plus haut depuis 40 ans à 8,2%, aura sans doute joué un rôle clé dans les motivations des électeurs. Selon plusieurs sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote, l'un de ces deux sujets figure en tête des préoccupations pour 30% des électeurs.

La criminalité, l'un des thèmes les plus souvent abordés par les candidats républicains lors des dernières semaines de campagne, n'était la priorité que pour un électeur sur dix.

Dans le Michigan, dans le Vermont et en Californie, les électeurs ont approuvé l'inscription du droit à l'avortement dans la constitution de l'Etat.

Le scrutin de mardi a été émaillé de problèmes ponctuels dans certains Etats, comme une pénurie de bulletins en Pennsylvanie ou des dysfonctionnements de machines à dépouiller en Arizona. De quoi alimenter les accusations de fraude de l'ex-président Donald Trump et de certains de ses partisans.

Donald Trump, qui a voté en Floride, a promis lundi "une importante annonce" pour mardi prochain, 15 novembre, et de nombreux observateurs s'attendent à ce qu'il se lance dans la course pour la présidentielle de 2024.

Selon un sondage réalisé cette semaine par Reuters et Ipsos, seuls 39% des Américains apprécient la manière dont Joe Biden assume ses fonctions. Certains candidats démocrates ont d'ailleurs pris leurs distances avec la Maison blanche pendant la campagne.

Mais la popularité de Donald Trump est à peine meilleure avec 41% d'opinions favorables.

(Avec la contribution de Joseph Ax, Jason Lange, Doina Chiacu, Susan Heavey, Moira Warburton, Gram Slattery et Trevor Hunnicutt à Washington, Gabriella Borter à Birmingham, Michigan, Nathan Layne à Alpharetta, Géorgie, Masha Tsvetkova à New York, Tim Reid à Phoenix et Ned Parker à Reno, Nevada; version française Camille Raynaud)

par Tim Reid et Nathan Layne