Si vous avez suivi quelques cours d’économie, vous avez pu vous apercevoir qu’une grande partie des théories enseignées se basent sur la rationalité des agents économiques. Elles ont en effet tendance à considérer que les individus prennent des décisions en pesant le pour et le contre. Un achat par exemple sera un arbitrage entre les avantages et les inconvénients de consommer immédiatement, ou de différer cette consommation (en épargnant), prenant en compte différents facteurs, comme l’inflation, la rémunération sans risque de l’épargne… Or, le comportement de l'individu peut parfois être influencé par ses émotions, le contexte, etc., le poussant à agir sans réfléchir. Il vous est en effet probablement déjà arrivé de demander ‘“pourquoi est-ce que j’ai acheté ce truc inutile”. Si c’est le cas, votre décision d’achat a probablement été motivée par une pulsion et non par un acte rationnel. 

Ces arbitrages sont également soumis au phénomène de décroissance de la courbe d’utilité marginale. Il s'agit d'un processus mis en lumière par les frères Bernoulli au XVIe siècle, qui signifie que les acteurs attribuent moins d’importances à une unité (argent, consommation…), supplémentaire, qu’à la perte d’une unité déjà acquise.

Pour comprendre en quoi cela peut impacter votre manière d'investir, voici l’explication de Xavier Delmas.

Les travaux des frères Bernoulli étaient précurseurs de la théorie des jeux, les aversions au risque, etc. et plus généralement de la finance comportementale. Un thème qui a fortement été enrichi par Daniel Kahneman. Dans ses recherches, il développe la thèse, selon laquelle la réflexion des individus est animée par deux systèmes.

Le premier est cognitif, automatique et incontrôlable. Il combine un ensemble d’information, d’idée, de souvenirs, etc., afin d’aboutir rapidement à un raisonnement cohérent. Ce système est notamment à l’origine des intuitions et de la créativité.

Le second système est beaucoup plus analytique et structuré et se déclenche généralement lorsque le système 1 ne peut pas résoudre le problème auquel il est confronté. Il nécessite davantage d’énergie, ainsi qu’une certaine concentration.

Le problème du système 1, est principalement son manque de neutralité. Il est influencé par des centaines de biais, que l'on peut classifier généralement de cognitifs ou émotionnels, ainsi que par les pressions liées à l’environnement de l'individu.

Pour comprendre comment ces mécanismes peuvent influencer votre manière d'investir, voici une série de vidéos sur le sujet. (Elle n’est bien entendu pas exhaustive, et vous pouvez vous référer aux travaux de Kahneman si vous souhaitez approfondir).

Le biais d’ancrage

La dotation ou aversion à la dépossession

L’effet de Foule

La House Money

“Tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu”

Enfin, comme le rappelle Xavier, l’excès de pessimisme est nuisible à l’investissement, mais Kahneman considère également que l’excès d'optimisme peut affecter le système 1.

Investir nécessite donc la mise en place d’une stratégie et les poursuites des objectifs fixés, indépendamment de tous les facteurs environnementaux, émotionnels et cognitifs, qui pourraient baiser votre prise de décision. Vous pouvez retrouver les bases pour établir une stratégie d’investissement, dans notre rubrique ZB Campus.