Voici ce qui est en jeu :

POURQUOI LA RUSSIE EST-ELLE SI IMPORTANTE POUR JAPAN TOBACCO ?

La population japonaise diminue et les taux de tabagisme nationaux sont en baisse, ce qui rend les revenus à l'étranger de plus en plus importants pour Japan Tobacco (JT).

La Russie, le quatrième plus grand marché du tabac au monde, est le plus grand marché étranger de JT, générant environ 12 % des revenus du groupe et 20 % du bénéfice d'exploitation. JT détient la plus grande part de marché en Russie, soit près de 40 %, avec 4 000 employés répartis dans quatre usines, produisant des marques telles que Winston, Camel et Mevius, anciennement connue sous le nom de Mild Seven.

COMMENT JT A-T-IL RÉAGI À L'INVASION DE L'UKRAINE PAR LA RUSSIE ?

JT a déclaré peu après l'invasion qu'elle avait arrêté la production dans son usine de la ville de Kremenchuk, dans le centre de l'Ukraine, affirmant à l'époque que ses 900 employés étaient en sécurité.

Le mois dernier, la société a déclaré que sa filiale russe suspendrait ses investissements, son marketing et le lancement d'un produit de tabac chauffé. Mais elle a déclaré que la fabrication se poursuivrait, même si ces activités pourraient être suspendues en raison de défis "sans précédent".

D'autres entreprises japonaises adoptent également une approche "attentiste". Les maisons de commerce Mitsui & Co et Mitsubishi Corp conservent leurs participations dans un projet de gaz naturel liquéfié (GNL) en Russie, dont Shell Plc a annoncé son intention de se retirer.

POURQUOI S'AGIT-IL D'UNE PATATE CHAUDE POLITIQUE POUR LE GOUVERNEMENT ?

Le Japon a rejoint les économies du Groupe des Sept dans une escalade constante de sanctions pour tenter de faire pression sur la Russie afin qu'elle mette fin aux hostilités.

Mais sa position a fait l'objet de critiques ; d'une part, il dit qu'il soutient l'Ukraine, mais d'autre part, il contrôle une grande entreprise qui fait des affaires en Russie et récolte une grande partie des bénéfices de cette entreprise.

JT est l'un des plus gros payeurs d'impôts individuels de Russie, représentant 1,4 % des recettes budgétaires totales du pays en 2020, selon le site Web de la société.

QU'EST-CE QUE CELA SIGNIFIE POUR LES INVESTISSEURS ?

Les actions de JT ont chuté de plus de 5 % depuis l'invasion de la Russie, que Moscou qualifie d'opération militaire spéciale, alors que les perspectives commerciales dans la région s'assombrissent. L'indice de référence Nikkei a gagné 5 %.

Les actions de la société ont été à la traîne de la performance du marché plus large au cours des cinq dernières années, mais restent populaires parmi les investisseurs pour leurs dividendes abondants. JT verse environ 75 % de ses bénéfices, contre 30 % en moyenne pour les autres sociétés japonaises. Cela rapporte environ 100 milliards de yens (815 millions de dollars) au gouvernement japonais chaque année, selon les estimations de Reuters pour les trois dernières années.

QUOI DE NEUF ?

JT est le troisième plus gros vendeur de tabac au monde et certains analystes pensent qu'il devra se retirer de la Russie à terme, comme d'autres grandes marques se retirent. Ses rivaux British American Tobacco, Philip Morris International Inc et Imperial Brands ont annoncé leur intention de quitter le pays.

Une telle décision n'est cependant pas sans risque. L'entreprise pourrait subir d'énormes pertes si la Russie décide de saisir ses actifs. Une option moins risquée serait donc de vendre ses actifs à un partenaire russe.

Même si JT reste sur place, les sanctions commerciales pourraient interrompre ses activités, surtout si elle n'est pas en mesure d'importer des feuilles de tabac.

POURQUOI LE JAPON EST-IL PRÉSENT DANS LE SECTEUR DU TABAC ?

JT est une entreprise héritée de l'histoire du Japon, où le gouvernement contrôlait les monopoles du tabac et du sel. L'entreprise gère un musée à Tokyo consacré à l'histoire de ces produits de base au Japon.

JT, sous sa forme actuelle, a été fondée en 1985 et, bien que le gouvernement ait réduit sa participation au fil du temps, le ministère des Finances est mandaté pour détenir au moins un tiers de ses actions dans une entreprise que le gouvernement considère comme importante pour les recettes fiscales et l'économie au sens large.