SAO PAULO, 17 juin (Reuters) - Le président brésilien Michel Temer était au coeur d'un système de corruption impliquant élus et dirigeants d'entreprise, accuse le milliardaire Joesley Batista dans une interview publiée samedi par le magazine Época.

C'est la première fois que Batista s'exprime publiquement depuis qu'il a négocié un accord avec les procureurs brésiliens en échange de leur indulgence.

Le président du groupe agroalimentaire JBS, numéro un mondial du conditionnement de viande, affirme que Temer a réclamé à plusieurs reprises de l'argent depuis 2010 et qu'il dirigeait un groupe de hauts responsables politiques monnayant leurs interventions.

Les anciens présidents du Parlement Eduardo Cunha et Henrique Eduardo Alves de même que l'actuel directeur de cabinet de Temer, Eliseu Padilha, et le ministre Wellington Moreira Franco faisaient partie de ce pacte de corruption mis en place autour du successeur de Dilma Rousseff, ajoute-t-il.

"Temer est le leader d'une organisation criminelle à la Chambre basse", accuse-t-il. "Ceux qui n'ont pas été arrêtés sont au gouvernement. Ils sont très dangereux."

Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de la présidence ou dans l'entourage des autres personnalités ciblées par le patron de JBS.

Batista avait déjà proféré des accusations contre Temer, mais pas de ce niveau: il avait jusque-là déclaré aux procureurs que le président brésilien avait tenté de faire obstruction à l'enquête en cours.

Le week-end dernier, le Tribunal supérieur électoral (TSE) a offert un peu de répit à Temer en prononçant un non-lieu dans une affaire de financement illégal de la campagne électorale de 2014, quand Michel Temer était le colistier de Dilma Rousseff.

Cette dernière a été destituée l'an dernier après avoir été accusée d'avoir maquillé les comptes publics afin de favoriser sa réélection.

Pour autant, la décision du TSE ne concerne pas l'enquête anti-corruption "Lava Jato" ("Lavage express") dans laquelle s'inscrivent les accusations de Batista.

J&F Investimentos, la holding familiale des Batista qui contrôle le groupe JBS, a accepté de verser une amende record de 3 milliards de dollars après que Joesley Batista et son frère Wesley ont reconnu avoir soudoyé quelque 1.900 responsables politiques ces dernières années. (Bruno Federowski; Henri-Pierre André pour le service français)