BRASILIA, 10 juin (Reuters) - Le Tribunal supérieur électoral (TSE) du Brésil a prononcé un non-lieu dans l'affaire des accusations de financement illégal de la campagne électorale de 2014, qui menaçait d'écarter du pouvoir le président actuel Michel Temer, alors colistier de Dilma Rousseff.

Ce verdict, qui accorde à Temer un moment de répit, ne devrait toutefois pas clore la crise politique qui entoure le dirigeant visé en outre par une enquête pour corruption de la justice fédérale.

"Nous ne pouvons changer tout le temps le président de la République, même si les gens le veulent", a dit le président du TSE, Gilmar Mendes.

Mendes, qui a soutenu la destitution de Dilma Rousseff en août dernier, a estimé que le pays ne devait pas compter sur le tribunal électoral pour résoudre la crise politique.

Le non-lieu prononcé par le tribunal est susceptible d'aider le président centriste à conserver ses alliés de coalition du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), et à faire adopter la réforme fiscale prévue dans son programme.

Le tribunal a voté à quatre voix contre trois pour valider l'élection du ticket formé par la candidate du Parti des travailleurs Dilma Rousseff et le centriste Michel Temer.

Si le tribunal avait reconnu l'existence d'irrégularités dans les comptes de la campagne de 2014, les résultats de l'élection auraient pu être annulés et le président actuel destitué.

Michel Temer a salué le verdict, y voyant une preuve de l'efficacité des institutions pour préserver la démocratie, a déclaré un porte-parole.

Séparément, la Cour suprême brésilienne a autorisé le mois dernier l'ouverture d'une enquête visant Temer pour des faits présumés de corruption, extorsion de fonds et obstruction à la justice.

Un tiers des membres du gouvernement de Temer ainsi que des dizaines de parlementaires font l'objet d'enquêtes pour corruption.

Les enquêteurs détiennent notamment un enregistrement d'une conversation entre le président et un responsable du groupe alimentaire JBS, dans laquelle le premier semble cautionner le versement de pots-de-vin à un ex-député incarcéré.

Temer a démenti toute irrégularité. Un de ses proches conseillers et ami, Rodrigo Rocha Loures, a été filmé par la police le 19 mai dernier s'enfuyant d'un restaurant de Sao Paulo avec un sac contenant 500.000 reais (136.000 euros environ), un pot-de-vin versé par les propriétaires de JBS. (Ricardo Brito, Anthony Boadle et Maria Carolina Marcello; Julie Carriat pour le service français)