Pékin (awp/afp) - La Banque centrale chinoise a abaissé vendredi, pour la seconde fois cette année, un taux d'intérêt de référence pour les prêts hypothécaires. La mesure vise essentiellement à soutenir l'économie et un secteur immobilier toujours à la peine.

L'immobilier et la construction pèsent plus du quart du produit intérieur brut (PIB) de la Chine. Ils ont joué un rôle clé pour la reprise post-pandémie en 2020. Mais les déboires du poids lourd Evergrande, étranglé par un endettement abyssal, a fragilisé tout un secteur, autrefois locomotive de l'économie chinoise.

Le "loan prime rate" (LPR) à cinq ans, qui constitue la référence pour les prêts hypothécaires, a été abaissé de 4,6% à 4,45%, a indiqué la banque centrale. Selon l'agence d'information financière Bloomberg, il s'agit à ce jour de la plus forte réduction de ce taux. Le LPR à cinq ans avait connu une première baisse en janvier. La mesure doit permettre de réduire les coûts d'emprunt sur le marché.

"Cela va stimuler le marché immobilier et foncier, ce qui est essentiel pour les finances des gouvernements locaux", dont une grande partie des revenus sont tirés de la pierre, souligne l'analyste Chaoping Zhu, de la banque d'affaires JP Morgan. Cette décision "jette les bases pour une reprise de la demande en logements", estime l'analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

"Urgence"

Pour réduire l'endettement du secteur immobilier, Pékin a durci depuis 2020 les conditions d'accès au crédit pour les promoteurs. Résultat: de nombreux groupes se retrouvent depuis l'an dernier à court de liquidités, dont le numéro un du secteur Evergrande. La mauvaise santé financière de ce mastodonte a pénalisé par ricochet ses concurrents, les acheteurs hésitant de plus en plus à investir dans l'immobilier.

Ces derniers mois, les ventes et les prix des biens immobiliers s'affichent en repli dans de nombreuses villes. La situation sanitaire actuelle, qui entraîne restrictions aux déplacements, voire confinements, et pèse sur le pouvoir d'achat des Chinois, accentue par ailleurs la pression sur le secteur.

Sunac, l'un des principaux promoteurs de Chine, a ainsi annoncé début mai être en défaut de paiement, moins de six mois après Evergrande. Sunac est le plus gros promoteur chinois à faire défaut cette année.

Le LPR à un an, qui constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, reste lui inchangé à 3,7%. Il avait été abaissé en janvier.

La décision de la Banque centrale intervient au moment où la Chine affronte sa plus forte poussée épidémique depuis l'apparition du Covid-19. La stratégie zéro Covid, défendue bec et ongles par le pouvoir, est de plus en plus contestée par le grand public et surtout les milieux d'affaires, qui s'alarment des menaces que font peser les confinements sur l'activité.

La Chine a dévoilé lundi ses pires performances économiques depuis deux ans, avec une consommation au plus bas et un chômage proche du record absolu. Le Premier ministre chinois Li Keqiang avait plaidé mercredi pour des mesures "d'urgence" pour soutenir l'économie nationale.

afp/vj