Tokyo (awp/afp) - Les Bourses en Asie s'efforçaient de rester dans le vert vendredi, dans des échanges volatils et sous pression après une forte baisse à Wall Street et alors que plane toujours le spectre d'une guerre commerciale minant l'économie mondiale, amenant l'or à un nouveau sommet.
Marchés suspendus aux incertitudes de la guerre douanière
A la Bourse de Tokyo vers 02H30 GMT, l'indice Nikkei gagnait 0,35% à 36.919 points, après avoir ouvert en légère baisse. L'indice élargi Topix avançait de 0,40% à 2.709 points.
La Bourse de Taipei progressait de 0,21%, Sydney de 0,34%. Séoul cédait en revanche 0,20%.
Les places chinoises se renforçaient aussi: l'indice hongkongais Hang Seng gagnait 1,40%, l'indice composite de Shanghai 1,05% et celui de Shenzhen 0,92%.
Certes, "la chute des Bourses américaines jeudi et l'incertitude entourant la politique douanière (de l'administration Trump) continuent de peser sur le marché", soulignent les analystes du cabinet japonais Tokai Tokyo Intelligence.
Wall Street a nettement piqué du nez, plombée par de nouvelles menaces commerciales du président américain Donald Trump visant la France et l'UE, alors que s'intensifient les inquiétudes sur les conséquences de la guerre douanière sur la croissance américaine.
Mais au final, les investisseurs naviguent à vue: "attraper des couteaux en train de tomber est un jeu risqué sur des marchés toujours à la recherche d'un plancher (où se stabiliser). Dans ce contexte, la certitude est un luxe qu'ils ne pourront s'offrir de sitôt", prévient Stephen Innes, de SPI Asset Management.
Les places asiatiques connaissaient donc vendredi un répit précaire sur les marchés à risque, dont les Bourses, même si "le contexte général reste fragile", note M. Innes.
Certes, Wall Street "intègre désormais le risque d'une récession, ce qui laisse ouverte la possibilité de bonnes surprises" et d'une remontée du marché si les risques ne se concrétisent pas, abondaient les experts de JP Morgan, cités par Bloomberg.
CK Hutchison chute, réprimandé sur la cession des ports du Panama
CK Hutchison, empire commercial du milliardaire hongkongais Li Ka-shing, a chuté de presque 7% à la Bourse de Hong Kong. Il cédait encore 5,77% vers 02H30 GMT.
Le bureau de liaison des autorités communistes chinoises dans le territoire a reposté sur son site une attaque virulente du journal Ta Kung Pao contre le groupe.
CK Hutchison, qui a cédé deux ports situés près du canal de Panama sur fond de menaces agitées par Donald Trump, y est accusé d'avoir trahi les intérêts chinois et enjoint les entreprises "de réfléchir soigneusement au camp qu'elles choisissent". Des remarques qui ont effrayé les investisseurs.
Nouveau record de l'or
L'or, valeur refuge par excellence, s'est hissé vendredi à un nouveau record historique à 2.990,21 dollars l'once. Il a ensuite modéré légèrement ses gains,
Le métal jaune est prisé des investisseurs face à l'escalade de la guerre commerciales, après la menace de Donald Trump de surtaxer les importations de produits alcoolisés européens, et alors que l'UE, la Chine et le Canada ont annoncé des mesures de rétorsion pour répondre aux taxes douanières américaines déjà appliquées.
L'or bénéficie aussi d'un contexte géopolitique incertain, alors que les conditions d'un cessez-le-feu en Ukraine restent en suspens. La forte volatilité des marchés en général pousse les investisseurs à rechercher les métaux précieux.
Le repli du yen aide les exportateurs, la BoJ est scrutée
Vers 02H30 GMT, la monnaie japonaise reculait de 0,30% à 148,25 yens pour un dollar.
Le billet vert profite en effet d'un rebond technique, mais "des surprises positives du côté d'un indicateur sur la confiance des consommateurs (aux Etats-Unis) pourrait apporter un soutien supplémentaire au dollar", indiquaient les experts de MUFG.
Cette dépréciation du yen aidait en Bourse les titres des exportateurs nippons, dont les ventes sont rendues plus attractives à l'international, à l'image de Toyota (+2,11%) ou de Nikkon (+2,31%).
Les investisseurs surveillaient par ailleurs les annonces de revalorisations salariales au sein des grosses entreprises japonaises dans le cadre des négociations de printemps -- ce qui pourrait influer la politique monétaire de la Banque du Japon, qui se réunit la semaine prochaine.
afp/rr