New York (awp/afp) - La banque américaine First Republic a été encore laminée à Wall Street lundi malgré les bouées de sauvetage lancées par les autorités et des établissements concurrents.

First Republic, fondée en 1985, est basée à San Francisco avec des agences principalement situées en Californie et dans des zones urbaines de la côte est. Elle était fin 2022 la 14e banque américaine par la taille des actifs.

Selon l'agence S&P Global Ratings, 68% de l'argent déposé dans l'établissement est au-dessus du montant maximal habituellement garanti par les autorités, soit 250.000 dollars.

Après les défaillances rapprochées de trois banques aux Etats-Unis, investisseurs et analystes ont redouté que les clients ne prennent peur et retirent en masse leur argent. Ce que First Republic a implicitement confirmé jeudi en indiquant avoir emprunté chaque jour des dizaines des milliards à la banque centrale américaine (Fed) entre le 10 et le 15 mars, à des taux assez élevés.

Selon le Wall Street Journal, 70 milliards de dollars au total ont été retirés ces derniers jours, soit environ 40% de ce que la banque recensait fin 2022.

"Entre les dépôts que la banque va probablement devoir plus rémunérer et les taux d'emprunts qui grimpent, sa rentabilité va forcément se contracter", remarque Alexander Yokum de CFRA.

Un sauvetage insuffisant? ___

Face au plongeon de l'action, la banque a cherché à rassurer en annonçant le 12 mars disposer, grâce à la Fed et à JPMorgan Chase, de 70 milliards de dollars de liquidités.

La chute en Bourse se poursuivant, onze grandes banques américaines se sont engagées, jeudi, à déposer au total 30 milliards de dollars de dépôts dans ses comptes. Un signe de confiance selon elles puisque ces dépôts ne sont pas assurés, et qu'elles peuvent donc perdre leur mise.

S&P, qui avait déjà placé la banque dans la catégorie des investissements spéculatifs, a encore dégradé sa note dimanche, estimant que la main tendue par ses concurrents n'allait à long terme "peut-être pas" régler ses problèmes.

First Republic a assuré dimanche que grâce aux 30 milliards et à ses propres réserves, elle était "bien placée pour gérer" les retraits à court terme.

Mais "si vous êtes un client de la banque et que vous voyez sa note abaisser deux fois en quelques jours, vous n'avez pas forcément envie d'y garder votre argent", avance Alexander Yokum.

Un avenir incertain ___

Les interventions des autorités et des plus importants représentants du secteur bancaire n'ont pas spécialement rassuré les investisseurs: l'action, qui avait déjà perdu 80% de sa valeur en huit séances, a encore dégringolé de 47% alors même que les autres valeurs bancaires enregistraient des variations modérées.

Selon le Wall Street Journal, les patrons des grandes banques, emmenés par le PDG de JPMorgan Jamie Dimon, cherchent actuellement une façon de stabiliser First Republic.

L'une des hypothèses envisagées est de convertir tout ou partie des 30 milliards de dépôts apportés jeudi en capital, ce qui conduirait à une dilution des actions existantes. Une vente ou une injection de capital frais sont aussi des options sur la table, rapporte le quotidien.

First Republic n'a pas souhaité lundi faire de commentaires sur ces informations.

afp/rp