Zurich (awp) - Julius Bär a connu comme prévu un premier semestre difficile, marqué par un repli des résultats en rythme annuel. La contre-performance du groupe bancaire zurichois est à mettre sur le compte notamment de sa filiale italienne Kairos, dont le sort demeure incertain.

Toutefois, si les chiffres sont en recul sur un an, ils témoignent d'une nette progression par rapport à la deuxième moitié de 2018, se félicite lundi dans son rapport à mi-parcours le gestionnaire de fortune, qui a récemment désigné le successeur à sa direction en la personne de Philipp Rickenbacher.

Les recettes engrangées au cours des six premiers mois de l'année sont repassées sous la barre des 1,7 milliard de francs suisses, en recul de plus de 5%.

Dans la gestion de fortune, les avoirs sous gestion (AuM) sont retombés à 412 milliards, contre 427 milliards encore à fin avril, alors que les afflux nets depuis janvier totalisent 6,2 milliards de francs suisses, contre 9,9 milliards au premier semestre 2018. La banque signale un léger impact de l'appréciation du franc sur les AuM.

Doutes sur Kairos

La croissance annualisée des apports de capitaux s'est montée à 3,2%, en dessous de l'objectif à moyen terme que s'est fixé Julius Bär (4-6%). "A l'exception de Kairos, les afflux nets ont évolué de manière satisfaisante", grâce à l'apport stable de la clientèle d'Asie, d'Europe et du Moyen-Orient.

En conférence téléphonique, le patron de Julius Bär, Bernhard Hodler, s'est voulu optimiste, affirmant que l'hémorragie de capitaux de Kairos devrait cesser en deuxième moitié d'exercice. Interrogé sur le futur de sa filiale italienne de gestion d'actifs, le dirigeant a indiqué qu'aucune décision n'avait encore été prise.

"Toutes les options sont encore sur la table", a-t-il indiqué, en insistant sur la nécessité de clarifier la situation "au plus vite". Les options vont de la vente de Kairos à la recherche d'un partenaire stratégique, y compris le maintien de Kairos dans la configuration actuelle.

Le programme Atlas devrait se terminer d'ici la fin de l'année. Il devrait représenter un nouveau standard qualitatif de la clientèle à l'échelle de la branche. Bernhard Hodler n'a pas souhaité détailler l'ampleur des reflux en lien avec le programme d'écrémage, mais a laissé échapper qu'il s'agissait "d'un montant à un chiffre en milliard" inférieur à 5 milliards.

Le transfert systématique des taux négatifs à la clientèle s'est traduit par un "effet unique" a indiqué le directeur financier Dieter Enkelmann. Et de préciser que ce mécanisme est plus difficile à appliquer aux clients basés en Suisse, du fait de la concurrence sur ce marché des banques cantonales, très réticentes à l'idée de répercuter les effets des taux négatifs.

Rémission en vue

La rentabilité s'est dégradée, la marge brute passant à 83,2 points de base (pb), contre 91,5 un an plus tôt. Toutefois, cet indicateur s'est progressivement redressé depuis fin 2018, lorsqu'il pointait à 82 pb.

Le ratio coûts/revenus ajusté est ressorti à 71,0% (67,3%). Il s'est cependant nettement amélioré par rapport aux 74,3% rapportés pour la seconde partie de l'exercice précédent, précise le groupe.

Le bénéfice net selon la norme comptable IFRS a fondu de près d'un quart (-22,7%) à 343 millions de francs suisses. Ajusté des charges d'intégration et de restructuration, amortissements sur valeurs immatérielles, il se monte à 391 millions (-18,5%).

Pour la suite de l'exercice, le groupe entend poursuivre ses efforts en matière d'économies et confirme son objectif consistant à ramener son ratio coûts/revenus sous la barre des 68% à l'horizon 2020.

Même en recul sur un an, les chiffres publiés par Julius Bär sont dans l'ensemble supérieurs aux projections des analystes sollicités par AWP. A l'exception de l'évolution des afflux nets en raison de Kairos, ils sont jugés "tout à fait corrects" par la communauté financière.

Après la déconvenue du second semestre 2018, Julius Bär est parvenu à redresser la barre, observe par exemple la Banque cantonale de Zurich (ZKB) qui salue l'amélioration constante de la marge brute.

A en croire les courtiers, l'action Julius Bär a connu quelques difficultés après la nomination de Philipp Rickenbacher à sa tête en remplacement de Bernhard Hodler, qui aura finalement passé moins de deux ans en poste après le départ de Boris Collardi pour le genevois Pictet.

Les chiffres publiés sont à cet égard plutôt réconfortants, et ont été bien accueillis par le marché. Après un début de séance hésitant, la nominative Julius Bär a décollé en fin de matinée. Elle a terminé la séance sur un gain de 1,5% à 43,41 francs suisses, dans un SLI en repli de 0,13%.

buc/al