Une nouvelle pierre dans la chaussure de Julius Bär. Depuis deux ans, les ennuis s’accumulent.
Dans l’ordre, l’exercice 2023 avait été marqué par une forte baisse des résultats principalement liée à l’exposition à Signa, l’empire immobilier et commercial du milliardaire autrichien René Benko qui n’a pas pu lever suffisamment de fonds pour éviter l’insolvabilité. Le PDG de Julius Bär, Philipp Rickenbacher, s’en était allé en laissant la société avec de lourds amortissements dans les comptes. Par la suite, les plans d’économies de coûts se sont enchaînés avec notamment des suppressions de postes, la réduction des bonus, l'arrêt des plans de rachats d’actions et la suspension de l’augmentation du dividende. Julius Bär avait entamé la revue de son portefeuille avec par exemple l’abandon des activités de prêts privés pour la clientèle fortunée – environ 2% du portefeuille.
Les résultats qui ont suivi ont traduit des afflux d’argent inférieurs aux attentes et des complications supplémentaires à cause d’un manque de reprise du marché, d’un cadre de risque plus strict et d'incertitudes alors que FINMA (l’Autorité de de surveillance suisse des marchés financiers) tient toujours une procédure formelle pour les défaillances de contrôle en relation avec les pertes sur Signa.
Une nouvelle charge qui fait mal
Julius Bär annonce une charge nette de 130 M CHF liée à un nouvel ajustement de son portefeuille de crédits. Conséquence directe de cette révision : le bénéfice net du premier semestre 2025 sera inférieur à celui de 2024 (452 M CHF). Le ratio coûts/revenus grimpe mécaniquement à 72 %, contre 66 % hors éléments exceptionnels tandis que la marge avant impôts chute à 21 points de base.
Si le marché craignait une réplique du dossier Signa, le nouveau CEO Stefan Bollinger tente de rassurer : aucun autre risque significatif n’a été détecté à ce stade. Mais la prudence reste de mise d'autant que plusieurs analystes (Citi, JPMorgan) soulignent le manque de clarté sur les mois à venir de l’entreprise. Un manque de clarté malgré un bilan bien préservé et une collecte nette positive (+4,2 Mds CHF). Les actifs sous gestion restent inférieurs à fin 2024 (497 Mds), pénalisés par un effet de change négatif massif (-28 Mds) et la sortie du périmètre brésilien (-8 Mds).
Pour l’heure, malgré une situation sous-jacente encourageante, les interrogations sur la gestion du risque — et sur l’ampleur réelle du nettoyage du portefeuille — continuent de peser sur la confiance.