Zurich (awp) - Julius Bär a donné au premier semestre 2017 une preuve de l'efficacité de sa stratégie de recrutement intensif de conseillers clientèle. La banque de gestion zurichoise a engrangé des entrées d'argent solides. La performance générale au cours des six premiers mois de l'année décoiffe les prévisions les plus optimistes, malgré une stagnation du bénéfice net.

Les afflux nets de fonds ont atteint 10,2 mrd CHF, ce qui représente une hausse de 6,1% en taux annualisé, indique lundi le groupe bancaire. Le niveau des entrées d'argent s'est fixé au-delà des attentes du consensus AWP, qui espérait au mieux 9,0 mrd.

Julius Bär a enregistré une accélération en mai et en juin, ce qui explique en grande partie cette envolée. L'Asie, le Moyen-Orient et l'Amérique latine ont tout particulièrement connu un développement favorable, a affirmé lundi le directeur financier (CFO) Dieter Enkelmann en conférence téléphonique.

La masse sous gestion a atteint 354,7 mrd CHF, soit une augmentation de 5,5% sur six mois. La banque met un accent tout particulier sur l'engagement. L'année dernière, Julius Bär a intégré 166 nouveaux conseillers dans son équipe, plus 40 supplémentaires grâce à des acquisitions.

L'engagement devrait cependant ralentir en 2017. L'objectif consiste à embaucher 80 "relationship manager" chaque année, a précisé le directeur général (CEO) Boris Collardi. Ce chiffre ne sera pas tout à fait atteint au cours de cet exercice.

ECHANGE DOMMAGEABLE D'INFORMATIONS

L'introduction de l'échange automatique de renseignements en matière fiscale (EAR) pourrait entraîner des sorties de fonds au deuxième semestre, a expliqué M. Enkelmann. L'Amérique latine, l'Indonésie ou la Russie seraient concernées.

Sur le plan opérationnel, les six premiers mois de l'année présentent un tableau contrasté, bien que les principaux indicateurs soient très largement supérieurs aux attentes.

"Les afflux nets ont dépassé nos attentes, la marge brute a résisté, le ratio coûts/revenus s'est amélioré en direction de nos objectifs et notre capitalisation s'est renforcée au-delà de nos valeurs plancher", a résumé M. Collardi, cité dans le communiqué.

En termes de recettes, l'"Ours" a fait son miel des nouveaux fonds que les clients lui ont confiés. Le produit d'exploitation a bondi de 11,7% en comparaison annuelle, à 1,59 mrd CHF. La marge brute s'est néanmoins étiolée de 3 points de base (pb) à 92 pb.

Principale source de revenus, les activités de gestion ne sont pas étrangères à ce bond. Les recettes tirées des opérations de commissions et de prestations de services se sont envolées d'un quart à 922 mio CHF, notamment grâce à la consolidation de Kairos dès le 1er avril 2016. Le produit net des opérations d'intérêts a également connu une progression marquée (+11%).

Conséquence directe des efforts de recrutement, les frais de personnel se sont enrobés de 22% à 762 mio CHF. Les charges, ajustées des coûts d'intégration et de restructuration, ainsi que des amortissements liés aux acquisitions et désinvestissements, ont pris 16,9% à 1,10 mrd. Le ratio coûts/revenus a été amélioré de 3,9 point à 69,1%.

MAINTIEN DE L'ACTIVITÉ

Le bénéfice net ajusté est resté quasiment stable (+0,4%) à 403,6 mio CHF, tandis que le bénéfice net attribuable aux actionnaire s'affiche en recul de 2%, à 353 mio.

La direction s'attend à un maintien de l'activité clientèle au deuxième semestre, une fois le creux estival passé. Elle exclut pour l'instant le versement d'un dividende spécial ou le lancement d'un programme de rachat d'actions. "Nos ratios de fonds propres sont actuellement trop bas pour permettre une rétribution aux actionnaires", selon le CFO.

Auteurs de commentaires louangeurs, les analystes soulignent la bonne marche des affaires au 2e trimestre et anticipent un ajustement à la hausse des estimations. La Banque cantonale de Zurich a d'ores et déjà relevé sa recommandation à "surpondérer"

Le titre s'envolait à la Bourse suisse. Vers 12h15, le titre prenait 6,9% à 53,30 CHF, dans un SMI en recul de 045%.

Julius Bär a par ailleurs annoncé la nomination de Beatriz Sanchez au comité de direction, en qualité de responsable pour l'Amérique latine à partir du 15 décembre 2017, en provenance de Goldman Sachs. Elle remplacera Gustavo Raitzin, nommé à l'université de Harvard.

Mme Sanchez a également travaillé à chez HSBC Private Bank jusqu'en 2008. Selon plusieurs médias, elle fait partie des sept anciens dirigeants de la filiale suisse du géant britannique visés par une enquête de la justice espagnole. Cette dernière soupçonne un délit présumé de blanchiment d'argent et constitution d'organisation criminelle, sur la base des informations dérobées par l'ex-informaticien Hervé Falciani.

fr/rp