Zurich (awp) - Julius Bär affirme être à bout touchant pour solder le scandale de corruption qui a touché la Fédération internationale de football association (Fifa). Le gestionnaire de fortune zurichois négocie avec le Département de justice américain un règlement qui pourrait dépasser les 10 millions de dollars (9,1 millions de francs suisses), indique-t-il mercredi.

Accusé d'avoir ignoré les risques de blanchiment d'argent, Julius Bär note qu'il ne fournira aucun commentaire supplémentaire jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé.

En février et au terme d'une enquête approfondie, le gendarme financier Finma avait dénoncé de graves manquements de la banque zurichoise dans cette affaire, qui avait éclaté en mai 2015 suite à l'arrestation à Zurich de plusieurs dirigeants de la Fifa.

Pointant du doigt des relations bancaires et des transactions critiquables, l'autorité avant enjoint Julius Bär à adopter des mesures afin d'assurer ses obligations juridiques en matière de blanchiment d'argent, mais également à revoir sa politique de recrutement de conseillers à la clientèle.

Le gestionnaire de fortune avait mené une enquête interne suite à son implication dans cette affaire. Les faits remontent à la période durant laquelle Boris Collardi était à la tête de l'établissement. Le banquier, désormais associé-gérant auprès du groupe bancaire genevois Pictet, a fait l'objet de nombreuses critiques pour sa stratégie de croissance imprudente lorsqu'il dirigeait Julius Bär.

Un ex-employé condamné

En 2017, un ex-employé de la banque a été reconnu coupable de corruption et de blanchiment d'argent par la justice américaine. Ce ressortissant argentin était lié au versement de pots-de-vin à hauteur de plusieurs millions de dollars à des hauts cadres de la Fifa.

L'annonce de Julius Bär intervient alors que l'une des nombreuses enquêtes touchant la Fifa est jugée devant le Tribunal pénal fédéral. Jérôme Valcke, l'ex-numéro 2 de la Fifa, et Nasser Al-Khelaïfi, patron de beIN Media et du PSG, comparaissent depuis lundi à Bellinzone dans une affaire de droits TV.

Le principal volet de l'affaire, le scandale de corruption autour de la Coupe du monde 2006 a capoté au printemps pour cause de prescription, suite au report des audiences en raison du coronavirus. L'enquête est entachée des soupçons de collusion du Ministère public de la Confédération et de son désormais ex-patron Michael Lauber.

La banque zurichoise annonce par ailleurs la tenue le 2 novembre d'une assemblée extraordinaire au cours de laquelle le versement de la deuxième tranche du dividende 2019 sera soumise au vote. Le conseil d'administration a proposé de diviser la rémunération des actionnaires, mesure prudentielle dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19. Les grandes banques UBS et Credit Suisse ont pris la même décision.

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