HONG KONG (Reuters) - China Evergrande Group est de nouveau menacé de défaut de paiement et ses déclarations pessimistes ont fait tomber son cours de Bourse à un nouveau plus bas historique même si l'intervention des pouvoirs publics entretient l'espoir d'une restructuration ordonnée de sa dette.

Après avoir honoré in extremis les paiements de coupons obligataires ces deux derniers mois, le géant chinois de l'immobilier devait débourser lundi quelque 82,5 millions de dollars (73 millions d'euros) à l'échéance d'une période de grâce de 30 jours.

Mais un communiqué publié vendredi selon lequel des créanciers ont exigé 260 millions de dollars a conduit les autorités de Pékin à convoquer le président du groupe et fait chuter l'action Evergrande de 19,6% lundi en Bourse, à un nouveau plus bas de clôture de 1,81 dollar à Hong Kong.

L'obligation du groupe arrivant à échéance en novembre 2022, l'une des lignes sur lesquelles Evergrande pourrait être déclaré en défaut en cas de non-paiement des coupons dus lundi, se traitait à 18,56% de sa valeur nominale, contre 20,083% vendredi.

Evergrande, qui fut un temps le premier promoteur de Chine, est plombé par une dette de plus de 300 milliards de dollars et une éventuelle cessation de paiement pourrait déstabiliser l'ensemble du secteur immobilier, voire le système financier.

Après le communiqué de vendredi, les autorités de la province du Guangdong, dont le groupe est originaire, ont annoncé l'envoi, à la demande d'Evergrande, d'une équipe chargée de superviser la gestion des risques, de renforcer les contrôles internes et d'assurer la poursuite de l'activité, la première initiative concrète du pouvoir politique dans ce dossier.

CONTAGION

La banque centrale et les autorités de supervision du secteur bancaire comme de celui de l'assurance ont elles aussi publié des communiqués assurant que les risques auxquels est exposé le secteur immobilier restaient sous contrôle.

Pour les analystes, cet effort concerté des autorités financières suggère qu'elles ont engagé un processus de restructuration de la dette d'Evergrande.

Morgan Stanley estime que ce processus devrait inclure des négociations avec les créanciers chinois du groupe afin d'assurer le financement des projets de construction en cours.

Les autorités pourraient aussi faciliter des discussions avec les créanciers internationaux, ajoute la banque américaine dans une étude.

Evergrande s'efforce depuis plusieurs mois de vendre des actifs pour lever des capitaux frais et Pékin a demandé à son président, Hui Ka Yan, de puiser dans sa fortune personnelle pour rembourser des dettes du groupe.

Parallèlement, le gouvernement s'efforce d'éviter une contagion à l'ensemble du secteur immobilier et de favoriser le crédit bancaire, comme l'a montré lundi l'annonce par la banque centrale d'une nouvelle réduction du ratio de réserves obligatoires des banques.

Confirmant qu'Evergrande n'est pas un cas isolé, le promoteur Sunshine 100 China Holdings a annoncé avoir fait défaut sur une obligation de 170 millions de dollars arrivée à échéance dimanche "en raison de problème de liquidités liées à l'impact défavorable d'un certain nombre de facteurs incluant l'environnement macroéconomique et celui du secteur de l'immobilier".

La semaine dernière, Kaisa Group Holdings a annoncé que ses créanciers obligataires avaient refusé une offre d'échange d'obligations offshore arrivant à échéance le 7 décembre, l'exposant ainsi à un risque de défaut. Il a entamé de nouvelles discussions dans le but de repousser des échéances portant au total sur 400 millions de dollars.

(Reportage Clare Jim à Hong Kong, avec Shuyan Wang à Pékin, version française Marc Angrand, édipar Marc Angrand)

par Clare Jim