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BUJUMBURA, 12 décembre (Reuters) - Les affrontements de vendredi à Bujumbura, la capitale du Burundi, ont fait 87 morts, dont quatre soldats et quatre policiers, a déclaré samedi le porte-parole de l'armée.

Selon Gaspard Baratuza, 79 assaillants ont été tués et 45 autres capturés vendredi lors de l'attaque de trois sites militaires, qui a provoqué à travers la ville une journée de violences, les plus graves depuis la tentative de coup d'Etat de mai dernier.

"Les opérations de nettoyage ont pris fin à l'heure qu'il est", a dit le porte-parole, en ajoutant qu'une centaine d'armes avaient été saisies.

Des hommes qui avaient attaqué le camp militaire de Ngagara ont dû battre en retraite et ont été poursuivis par les forces de sécurité qui leur ont infligé "des pertes considérables", a poursuivi Gaspard Baratuza.

A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté samedi à l'unanimité une résolution qui appelle toutes les parties au Burundi à engager des négociations et n'exclut pas des sanctions à terme s'il n'est pas écouté.

Il n'y a pas eu de combats durant la nuit et la journée de samedi a été calme. De nombreux corps ont été ramassés dans les rues de la capitale.

Selon des habitants, plusieurs personnes ont été abattues par les forces de sécurité à la suite de perquisitions dans certains quartiers de la ville, une accusation que la police a rejetée.

Des photos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des cadavres les mains liées derrière le dos.

"Ils sont entrés chez nous, ils ont rassemblé tous les jeunes et les gens d'âge moyen et puis ils les ont emmenés", a raconté un habitant du quartier de Nyakabiga.

Le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, a affirmé qu'il n'y avait pas eu de "victimes collatérales" durant les affrontements de vendredi.

La compagnie aérienne Kenya Airways, qui avait annulé ses vols vers le Burundi vendredi, a annoncé que ceux-ci reprendraient dimanche.

Le Burundi est en proie à des violences qui ont fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé en avril de briguer un troisième mandat, qu'il a remporté cet été, ignorant les protestations de l'opposition qui jugeait cette initiative contraire à la Constitution.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a estimé il y a dix jours que le Burundi était au bord d'une guerre aux "effets potentiellement désastreux pour une région déjà fragile".

Pierre Nkurunziza est un ancien chef rebelle hutu qui avait affronté la minorité tutsie au pouvoir pendant la guerre civile de 1993 à 2005. Les clivages ethniques sont les mêmes qu'au Rwanda voisin, théâtre d'un génocide en 1994.

Depuis le printemps, plus de 220.000 personnes ont fui le Burundi pour se réfugier au Rwanda, en Tanzanie, en Ouganda et en République démocratique du Congo. (Drazen Jorgic; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)