Pourquoi Kering baisse ?

L’abaissement des objectifs du britannique Burberry, il y a quelques semaines, et les résultats médiocres de LVMH avant-hier ont pu donner des sueurs froides aux actionnaires de Kering. Malheureusement pour eux, le groupe de la famille Pinault n’a pas fait d’étincelles, bien au contraire.

Au premier semestre, le chiffre d’affaires a baissé de 11% à 9,02 Mds€. Le résultat opérationnel a lui chuté de 42%. Kering se défend en disant que ce chiffre était dans sa fourchette de prévisions, entre 40 et 45%. Une bonne partie des problèmes est une nouvelle fois venue de Gucci, la principale marque qui déçoit encore et qui a représenté 45% des revenus de Kering sur le semestre. La marque a vu son chiffre d’affaires diminuer de 20%, soit un repli deux fois plus important qu'Yves Saint Laurent qui recule de 9%.

Outre ces résultats en forte baisse, les perspectives ne sont pas enthousiastes non plus. Voilà plusieurs trimestres que l’on attend la renaissance de Gucci. Les promesses de la direction de voir la marque retrouver son mojo à moyen terme (notamment une marge de 41%) semblent aujourd’hui plus compromises que jamais, d’autant que la rentabilité de Gucci a encore baissé au premier semestre avec une marge d’EBITDA de 34% contre 42,4% à la même période l’an dernier. La suite de l’exercice s’annonce plutôt laborieuse étant donné que la grande majorité des nouvelles collections sont attendues pour septembre, soit au début du quatrième trimestre.

Pour revenir au groupe Kering dans son ensemble, toutes les zones géographiques affichent des replis plus ou moins marqués à l’exception du Japon qui profite du tourisme chinois et de la faiblesse du Yen. Toutefois, le Japon ne représente que 8% des ventes totales de Kering.

Enfin, outre les difficultés commerciales, le bilan devra être surveillé. La dette nette a augmenté et la direction cherche à vendre des participations dans des investissements immobiliers et a l’intention de ne plus posséder certains actifs pour réduire son effet de levier.

Outchhh, Kering coule (source : Zonebourse)

Quels enseignements en tirer ?

Le secteur du luxe est en difficulté, on le sait depuis quelque temps déjà. Une inflexion était donc attendue mais Kering souffre plus que la concurrence. Le plus préoccupant est que la visibilité reste encore marginale pour les trimestres à venir. Le groupe se veut rassurant pour la fin d’année, dans l’espoir que les nouvelles collections soient bien accueillies et que le marché retrouve de sa forme. Ce n’est pas gagné, d’autant que Gucci est davantage dépendant du marché chinois que d’autres marques, et ce marché ne cesse d’inquiéter.