Kering a plongé de 5% à 224 EUR, tandis que LVMH cédait 3% à 615,70 EUR. Hermès, également affecté, a reculé de 2,5% à 2 244 EUR, pendant que Pernod Ricard perdait 3% à 105,35 EUR. Cette correction s'explique par la morosité économique en Chine, qui pèse sur la consommation de produits haut de gamme. Elle a été accentuée par un rapport sur le bilan des dépenses à Hainan, destination prisée du luxe avec ses hôtels fastueux et ses plages de sable fin. En 2024, elles ont chuté de 29,3%, à 30,94 milliards de yuans (4,11 milliards d'euros), contre 43,76 milliards en 2023, selon des données douanières publiées jeudi. Le nombre de visiteurs a reculé de 15,9%, passant de 6,756 millions à 5,683 millions.
"La dépréciation de devises comme le yen japonais, combinée à des politiques de voyage attractives, telles que l'entrée sans visa en Malaisie, a conduit de nombreux consommateurs chinois à rechercher des prix plus avantageux à l'étranger", analyse Kenneth Chow, consultant chez Oliver Wyman. Si l'impact de Hainan reste marginal pour l'économie chinoise globale, il représente un signal inquiétant pour les grandes marques de luxe, qui avaient massivement investi dans la région après un essor spectaculaire des ventes post-pandémie. Entre 2019 et 2023, ces ventes avaient triplé, notamment grâce à l'augmentation des plafonds d'achat dans les 12 centres commerciaux hors taxes de l'île.
L'île du Duty Free
Les géants de la beauté, tels que L'Oréal et Estée Lauder, sont également concernés, bien que moins affectés boursièrement en fin de semaine. Les cosmétiques représentaient plus de 40% des ventes hors taxes à Hainan en 2023. "La baisse de confiance des consommateurs chinois a fortement réduit leur propension à dépenser dans les biens de luxe et discrétionnaires", ajoute Kenneth Chow. "Le secteur de la beauté haut de gamme est particulièrement affecté."
Ce ralentissement fait également peser des doutes sur le projet de Pékin de transformer, d'ici 2025, cette île d'une taille comparable à la Belgique en une vaste zone de commerce hors taxes. Cette expansion permettrait aux marques de gérer directement leurs boutiques détaxées, au lieu de dépendre d'intermédiaires locaux comme China Duty Free Group. L'objectif est de retenir la clientèle chinoise sur le territoire national, face à la concurrence de destinations prisées telles que le Japon, Singapour et la Corée du Sud, et ainsi relancer la consommation dans le sud du pays.