par Katie Paul

RYAD, 27 janvier (Reuters) - Le prince et milliardaire saoudien Alwalid ben Talal, arrêté en novembre dans le cadre d'une vaste opération anti-corruption lancée à Ryad, a déclaré samedi qu'il s'attendait à être lavé de tout soupçon et remis en liberté dans les prochains jours.

Le prince Alwalid s'est exprimé dans un entretien exclusif à Reuters, depuis sa suite de l'hôtel Ritz-Carlton de Ryad, palace où il est détenu avec plusieurs dizaines d'autres suspects et depuis leur arrestation le 4 novembre dans le cadre d'une opération lancée par le prince hériter Mohamed ben Salman (MBS) pour consolider son contrôle.

C'est la première fois que le milliardaire s'exprimait publiquement depuis son arrestation.

Propriétaire de la société d'investissement Kingdom Holding et homme d'affaires en vue, le prince Alwalid explique qu'il continue de clamer son innocence auprès des autorités.

Le prince, dont le patrimoine est estimé à 17 milliards de dollars (13,6 milliards d'euros) par le magazine Forbes, a affirmé qu'il s'attendait à reprendre le contrôle total de sa société d'investissement et qu'il ne lui serait pas demandé de donner certains de ses biens à l'Etat.

"Il n'y a pas de charges. Il y a simplement des discussions entre le gouvernement et moi", a-t-il dit. "Je suis sur le point d'en finir avec tout ça dans les prochains jours".

"MALENTENDU"

Amaigri et le teint plus pâle que lors de sa dernière apparition publique - un entretien télévisé fin octobre-, le prince Alwalid, qui est âgé d'une soixantaine d'années, a assuré être très bien traité, réfutant les rumeurs de mauvais traitements et de transfert dans une prison.

Les autorités saoudiennes ont expliqué vouloir trouver des accords financiers avec la plupart des suspects. Elles espèrent ainsi renflouer de près de 100 milliards de dollars (80,5 milliards d'euros) les caisses de l'Etat, affectées par la baisse du prix du pétrole.

Plusieurs hommes d'affaires importants, parmi lesquels Walid al Ibrahim, propriétaire du groupe de télévision MBC, sont ainsi parvenus à négocier des accords avec le gouvernement, a-t-on annoncé à Reuters vendredi, sans que les termes de ces accords ne soient révélés.

Le prince Alwalid a affirmé que son cas prenait plus de temps parce qu'il était déterminé à laver son nom de tout soupçon.

"C'est un malentendu, et il est en train d'être clarifié. J'aimerais donc rester ici jusqu'à ce que tout soit entièrement terminé, pour sortir et pour que la vie reprenne son cours."

Le prince Alwalid a précisé vouloir rester en Arabie saoudite après sa libération.

"Je ne quitterai pas l'Arabie saoudite, c'est sûr", a-t-il déclaré. "C'est mon pays. J'y ai ma famille, mes enfants, mes petits-enfants. J'y ai mon patrimoine. Ma loyauté n'est pas en discussion." (Andrew Torchia; Jean Terzian pour le service français, édité par Danielle Rouquié)