par Eduardo Garcia et Brian Ellsworth

QUITO, 18 février (Reuters) - Le président équatorien Rafael Correa, au lendemain de sa réélection pour un troisième mandat à la tête du pays, a promis lundi d'accélérer les réformes sur le contrôle des médias et la redistribution des terres.

Au pouvoir depuis 2007, il a recueilli dimanche, dès le premier tour de la présidentielle, 57% des suffrages contre 24% à son plus proche poursuivant, l'ancien banquier Guillermo Lasso, selon les résultats publiés après dépouillement d'environ 65% des bulletins de vote.

Séduits par sa politique de développement de l'éducation et de la santé grâce à la manne pétrolière, les Equatoriens ont réélu pour un nouveau mandat de quatre ans cet économiste de 49 ans, représentant de la gauche latino-américaine hostile au libéralisme économique promu par les Etats-Unis.

"La première chose que nous allons faire, c'est relancer des réformes essentielles négligées (par le Congrès) dans le but de nuire à Correa. Finalement, c'est tout le pays qui a pâti de ces retards", a-t-il dit dans une interview à la chaîne de télévision régionale Telesur.

Ces réformes portent notamment sur la redistribution de terres aux paysans pauvres.

Fort de sa facile réélection, le président entend par ailleurs mettre en place une structure de surveillance des médias, afin de vérifier qu'ils ne publient pas de fausses nouvelles. Ce projet devrait susciter la colère de l'opposition qui l'accusait déjà de chercher à contrôler la presse.

Les Equatoriens ont également voté dimanche pour élire un nouveau Congrès et le chef de l'Etat s'attend à ce que son parti, Alianza Pais, y obtienne la majorité des sièges, contre 42% dans l'assemblée sortante.

ATTIRER LES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS

Un projet de loi sur l'exploitation minière vise également à attirer les investissements étrangers, illustration de l'approche pragmatique des questions économiques par le président.

Grâce aux richesses du sous-sol de l'Equateur, Correa a fait construire depuis 2007 des hôpitaux et des écoles et a rénové un réseau routier en décrépitude. Sa politique de redistribution, qui passe notamment par le versement d'argent liquide à deux millions de personnes, a permis à l'Equateur de connaître une croissance solide.

Celle-ci s'appuie cependant sur des cours du pétrole élevés, d'autant qu'il contraint depuis 2010 les compagnies pétrolières à verser à l'Etat des redevances plus fortes après avoir effacé unilatéralement 3,2 milliards de dollars de dette extérieure en 2008.

Rafael Correa entend donc réduire la dépendance de l'économie équatorienne vis-à-vis du pétrole, notamment en favorisant les investissements dans un secteur minier prometteur en raison des réserves d'or et de cuivre décelées dans le sous-sol du pays.

"Personne ne peut arrêter cette révolution", a-t-il lancé dimanche soir à la foule rassemblée sous le balcon du palais présidentiel à Quito. "Désormais, ce ne sont plus les puissances coloniales qui dirigent. Vous pouvez être certains qu'avec cette révolution, ce sont les Equatoriens qui sont au pouvoir."

Son homologue vénézuélien Hugo Chavez, auquel il a dédié sa victoire, étant affaibli par un cancer, Rafael Correa pourrait devenir le chef de file de l'alliance de gauche anti-américaine au pouvoir dans plusieurs pays d'Amérique latine. (Bertrand Boucey et Guy Kerivel pour le service français)