Concernant la division ferroviaire, Knorr-Bremse AG équipe des véhicules de transport en commun tels que les voitures de métro ainsi que les trains de marchandises, les locomotives, les trains de voyageurs longue distance et les trains à grande vitesse. Outre les systèmes de freinage, des systèmes de chauffage, de ventilation/climatisation, d'essuie-glace ou encore des portes de quai et d'aide à la conduite sont également présents au sein du catalogue de la marque.

Concernant la division “Vehicle Systems”, l’équipementier Allemand équipe principalement des camions, bus, remorques et machines agricoles. Toujours afin de répondre à un objectif de diversification, qui s’effectue par ailleurs via une stratégie d’acquisition agressive (Westinghouse, Bendix, Zelisko, Microelettrica et Merak), Knorr-Bremse propose aujourd’hui divers produits autres que des systèmes de freinage. En quelques années, la société allemande est devenue un acteur de premier plan des systèmes de châssis, de contrôle électronique, d'assistance au conducteur et d'alimentation.

En bref, Knorr-Bremse est un équipementier polyvalent, réputé pour ses produits labellisés "Deutsche Qualitat" et tentant une diversification en dehors de son cœur de métier historique puisqu’il possède déjà 50% des parts de marché dans les systèmes de freinage ferroviaires et 40% dans les systèmes de freinage pneumatiques pour camions et autobus.

“Nous voulons contribuer de manière significative à l'amélioration de la sécurité et de l'efficacité des routes et des chemins de fer - tant pour les passagers que pour le transport de marchandises. Tous les jours. Partout dans le monde.” Knorr-Bremse’s Corporate Mission Statement

Parcours Opérationnel

Lors de l’exercice 2021, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 6,7 milliards d'euros en cumulant ses deux divisions. Les revenus sont en hausse de 9% par rapport à 2020 (6,15 milliards d’euros) mais restent en dessous des niveaux d’avant crise (6,93 milliards en 2019). Le résultat net, quant à lui, progresse de 647 millions d’euros contre 632 millions en 2019.

De manière générale, l'évolution des résultats de Knorr-Bremse sur les trois derniers exercices représente bien l’ensemble du cycle économique 2011-2021. La croissance du chiffre d'affaires est restée modeste, passant de 4,2 à seulement 6,7 milliards d’euros. En revanche les marges s'améliorent sensiblement ce qui a permis aux profits de doubler sur la même période.

Concernant le bilan, sa gestion conservatrice permet d’afficher un solide Equity-Ratio de 33.7% en 2021. En d’autres termes, un tiers du passif de l’entreprise est constitué de capitaux propres. Cette gestion prudente de l’entreprise s'explique entre autres par le contrôle de la famille Thiele, qui possède quasiment 60% des actions en circulations. Outre un bon bilan, la dette l’est également. Les échéances ainsi que son coût ne présagent en rien un avenir proche compliqué pour les 768 millions d’euros de dette nette.

Enfin, la génération de cash s'améliore très nettement grâce à une excellente optimisation du besoin en fonds de roulement où une réelle amélioration de la gestion a eu lieu ces dernières années. L'activité est d’ailleurs raisonnablement capitalistique puisqu'elle ne consomme qu'un quart des cash-flows d'exploitation. Ceci permet au groupe de générer grosso modo 6 milliards d’euros de profits cash (free cash-flows) sur la dernière décennie. En rétrécissant le spectre temporel, le groupe allemand affiche 600 millions d'euros de FCF sur l’exercice 2021, soit une marge FCF impressionnante de 11%.

Valorisation 

Pour ce qui est de la valorisation, avec une capitalisation boursière de 9 milliards d’euros, le groupe allemand s’échange pour 15,2 fois ses Free Cash Flows 2021, soit un rendement des FCF de 6,57%. Qui plus est, avec un ROCE compris entre 24% et 37% par an durant les cinq derniers exercices, le management investi intelligemment et efficacement, offrant ainsi une très belle rentabilité des capitaux investis et donc des perspectives boursières futures intéressantes. 

"Sur le long terme, il est difficile pour une action d'obtenir un rendement bien meilleur que celui de l'entreprise qui la sous-tend. Si l'entreprise gagne 6% sur le capital qu’elle investit (ROCE) sur 40 ans et que vous la conservez pendant ces 40 années, vous ne ferez pas beaucoup plus que 6% de retour sur investissement même si vous l'avez achetée à un prix très bas. À l'inverse, si une entreprise possède un ROCE de 18% sur 20 ou 30 ans, même si vous payez un prix d'apparence élevé, vous obtiendrez un sacré résultat” -Charlie Munger

Perspectives et Potentiel 

Introduit en bourse il y a quatre ans à 80 euros par titre, le groupe allemand poursuit son chemin vers une diversification accrue de sa gamme de produits afin de ne pas se rendre indépendant des systèmes de freinage. En outre, trouver des vecteurs de croissance est également l’un des objectifs derrière cette stratégie de croissance externe. L’un des exemples les plus parlants est probablement l’acquisition de Kiepe Electric en 2017, équipementier spécialisé dans la propulsion des bus électriques et tramways.

Néanmoins, ceci n'empêche pas le titre de chuter sur le marché depuis le début d’année (-36% YTD). Parmi les raisons qui expliquent cette baisse, le contexte de panique en Allemagne depuis le début de la guerre en Ukraine en est une. Une guerre synonyme de pertes de marchés en Europe de l’Est en plus d’une augmentation des coûts de l’énergie, compressant sévèrement les marges de l’équipementier. Secondement, le consensus unanime quant à la venue d'une récession dans les mois à venir ne tire pas le titre vers le haut. A fortiori dans une activité industrielle et donc par nature fortement cyclique et où la structure des coûts est élevée. Cela dit, le groupe continue de servir des marchés cycliques où les clients ont un fort pouvoir de négociation et l'habitude de dicter leurs conditions. Le groupe peut aussi se vanter d’un historique impressionnant couplé à un avantage technologique indéniable. D’autant plus avec une technologie critique sur laquelle les constructeurs de véhicules ne souhaitent pas prendre de risque. 

Le titre pourrait ainsi présenter une possible opportunité s’il venait à passer sous la barre des 50€. En plus d’un industriel en bas de cycle, un sympathique dividende de 3,4% vient conclure le tout. Voici de nombreux points qui n'ont pas échappé aux insiders qui achètent agressivement depuis quelque temps, y compris à des cours deux fois plus élevés qu'aujourd'hui.