Zurich (awp) - Le groupe de transport et de logistique Kühne+Nagel a enregistré une performance en repli au premier semestre, mais nettement supérieure aux attentes du marché, malgré la pandémie. Au vu des bons résultats à mi-parcours, l'entreprise va proposer à ses actionnaires le versement du dividende pour 2019, reporté dans un premier temps.

Les ventes nettes réalisées entre janvier et juin se montent à 9,81 milliard de francs suisses, en repli de 7,5% au regard de la même période un an plus tôt, indique le logisticien de Schindellegi mardi dans un communiqué. Le produit brut accuse quant à lui un repli de 9,1% à 3,65 milliards.

Sur le plan opérationnel, le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) a chuté de 18,0% à 419 millions. Le bénéfice net, après minoritaires, est ressorti à 308 millions, soit 19,4% de moins qu'au premier semestre 2019. L'entreprise souligne l'effet positif des gains de parts de marché et des économies de coûts initiées à l'échelle du groupe.

"Les décisions stratégiques que nous avons prises ces dernières années ont également eu un effet positif pendant la crise de coronavirus", a commenté le président du conseil d'administration Jörg Wolle, soulignant que grâce à la numérisation, l'entreprise est restée pleinement opérationnelle même pendant la période de confinement.

Dividende confirmé

Forte de cette performance, l'entreprise va convoquer ses actionnaires à une assemblée générale extraordinaire début septembre pour leur proposer le versement d'un dividende de 4,00 francs suisses par action au titre de l'exercice 2019, après l'avoir dans un premier temps suspendu au plus fort de la crise afin de préserver ses liquidités.

Grâce à la bonne maîtrise des coûts et à sa flexibilité, l'entreprise est parvenue à compenser les effets les plus graves de la crise, a indiqué à AWP son directeur financier (CFO) Markus Blanka-Graff.

Le fret aérien a connu une évolution particulièrement réjouissante, en raison de la demande pour le transport de marchandises de première nécessité. En temps normal, la majeure partie de ce segment est transportée dans les soutes des avions de ligne. Mais comme cela n'a pas été possible, l'entreprise a été contrainte d'improviser et d'affréter ses propres aéronefs.

"Beaucoup de clients ont souhaité transporter des marchandises comme des masques, mais la capacité correspondante n'était pas disponible", a expliqué M. Blanka-Graff, signalant un retour progressif à la normale, avec notamment la reprise des activités de l'aviation commerciale.

Pas de vols intercontinentaux

Les vols intercontinentaux continuent cependant de faire défaut, a concédé le dirigeant, selon qui "le trafic aérien international ne reviendra pas à la normale avant la fin de l'année". Dans ce contexte, on ne peut pas s'attendre que les volumes se redressent d'ici la fin de l'année à leur niveau de 2019.

La direction de Kühne+Nagel s'est gardée de formuler des prévisions chiffrées pour le reste de l'exercice. En dépit de l'assouplissement progressif de la situation du marché, l'entreprise continuera "à suivre de près les effets de la crise de coronavirus au cours du second semestre", a affirmé M. Wolle.

Les chiffres publiés par le groupe schwytzois ont allègrement dépassé les attentes les plus optimistes des analystes sondés par AWP à quasiment tous les niveaux. Seul le produit brut s'est inscrit tout en haut de la fourchette des projections.

Dans son commentaire, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) salue le fait que Kühne+Nagel ait su rester pleinement opérationnel pendant la crise grâce à la numérisation, parvenant même à gagner des parts de marché. Le groupe est parvenu à tirer profit de l'absence de capacités sur les vols commerciaux en affrétant ses propres avions.

Plus acerbe, Jefferies a pour sa part souligné la résilience sensiblement inférieure du logisticien de Schindellegi par rapport à ses concurrents DSV Panalpina et DHL, avec un résultat opérationnel (Ebit) attendu en baisse de 43% au deuxième semestre.

Les investisseurs n'ont pas été entièrement convaincus par la performance semestrielle du groupe schwytzois. Après une ouverture en trombe qui a porté le cours à un nouveau plus haut annuel à plus de 168 francs suisses, la nominative Kühne+Nagel a vite perdu de sa superbe. A 15h05, elle reculait de plus de 1,7% à 159,85 francs suisses, alors que son indice de référence (SLI) progressait de 0,34%.

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