Zurich (awp) - Kühne+Nagel a connu un début d'année faste, dopé par une demande toujours soutenue. Les tensions dans les chaînes d'approvisionnement devraient encore s'intensifier en raison de la guerre en Ukraine.

Malgré un recul des volumes dans le transport maritime, les recettes nettes du groupe ont décollé de plus de deux tiers en rythme annuel et dépassent d'ores et déjà les 10 milliards de francs suisses.

Le produit brut a bondi de près de moitié (+46%) à 2,94 milliards, alors que le résultat opérationnel (Ebit) et le bénéfice net dégagés pendant la période sous revue ont presque triplé, à respectivement 1,12 milliard et 832 millions, indique le logisticien de Schindellegi mardi dans un communiqué.

Dans le fret maritime, principale source de revenus du groupe, l'activité a été marquée par la congestion persistante de nombreux ports, ce qui s'est traduit par un recul de 4,4% des volumes de conteneurs à un million d'équivalents vingt-pieds (EVP).

Le produit brut n'en a pas moins doublé pour s'établir à 974 millions de francs suisses, alors que l'Ebit a été multiplié par trois à 621 millions. Le groupe a mis en place en janvier un indicateur mesurant l'engorgement des onze principales plateformes portuaires mondiales.

Deux 747 supplémentaires

La fermeture de l'espace aérien russe a nécessité une modification à court terme des itinéraires de fret aérien entre l'Asie et l'Europe. Conjuguée à des capacités globalement limitées, cette situation a entraîné une nette augmentation des charges d'assistance. Le volume s'est monté à 574 millions de tonnes et l'Ebit à 425 millions de francs suisses.

Afin de garantir des capacités pour ses clients stratégiques, Kühne+Nagel a conclu un contrat à long terme avec la compagnie Atlas Air pour deux Boeing 747. Les deux avions cargo affrétés sur une base exclusive seront utilisés sur des lignes internationales à partir du troisième trimestre.

Le transport routier et la logistique contractuelle ont connu une progression plus modeste. Les volumes transportés par la route ont nettement augmenté, alors que l'offre de services intégrés pour l'industrie pharmaceutique et le commerce en ligne a été étoffée.

"La forte demande en biens d'équipement et de consommation s'est poursuivie au premier trimestre 2022", a relevé le directeur général (CEO) de Kühne+Nagel, Detlef Trefzger, cité dans le communiqué, tout en signalant une nouvelle détérioration de la situation déjà tendue sur le front des chaînes d'approvisionnement.

La copie rendue par le groupe schwytzois dépasse les projections des analystes sondés par AWP à tous les niveaux, et à l'exception du produit brut, supérieur aux pronostics les plus optimistes.

Pour la suite des opérations, la direction de Kühne+Nagel s'attend à ce que la guerre en Ukraine accroisse l'incertitude, mais n'articule pas d'objectifs chiffrés.

Prix relégués au second plan

"Par les temps difficiles que nous vivons, notre expérience, nos systèmes informatiques et nos relations durables avec les armateurs, compagnies aériennes et transporteurs routiers sont particulièrement précieuses", a indiqué à AWP le directeur financier (CFO) du groupe Markus Blanka-Graff. Selon lui, le prix est actuellement relégué au second plan par nombre de clients, dont la principale préoccupation est de pouvoir livrer leur marchandise.

"Aucun élément ne laisse présager d'une amélioration dans les aéroports et ports chinois congestionnés en raison des confinements anti-Covid", a poursuivi le dirigeant, qui dit s'attendre pour le deuxième trimestre à un environnement de marché du même tonneau que le premier. Il espère néanmoins voir la situation se détendre, évoquant une charge de travail parfois "quatre à cinq fois supérieure" pour chaque envoi.

Les analystes saluent des résultats supérieurs aux projections. Les clients préfèrent se tenir par gros temps à des partenaires d'envergure comme Kühne+Nagel, qui offrent une certaine fiabilité par l'exploitation de multiples canaux, estime par exemple la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

A la clôture, la nominative Kühne+Nagel a reculé de 3,2% à 268,70 francs suisses, après avoir dépassé les 285 francs suisses dans les premiers échanges, dans un marché SLI en baisse de 1,46%.

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