La marge ajustée hors acquisitions du spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment est tombée à 18,8% sur le trimestre écoulé, contre 20,4% un an plus tôt, principalement sous l'effet d'un déstockage marqué des distributeurs en France (-1,1 point) et de la hausse des droits de douane aux Etats-Unis dans leur guerre commerciale avec la Chine (-0,5 point).

Vers 10h05, l'action Legrand abandonne -2,7921% à 56,4 euros.

"La France est le principal motif de déception, une déception d'autant plus grande que la direction avait indiqué plus tôt dans l'année que les indicateurs avancés étaient devenus plus positifs en France", commente Jefferies dans une note.

Les ventes organiques du groupe ont décroché de 4,3% au troisième trimestre dans l'Hexagone, contre une croissance globale de 3,9% sur la période grâce à l'international.

Legrand a précisé qu'en excluant ce phénomène, les ventes aval restaient à l'équilibre sur un marché français du bâtiment néanmoins toujours atone à cause de la rénovation et de la dégradation récente observée dans la construction neuve.

Au cours d'une conférence téléphonique avec les analystes, le directeur financier Antoine Burel a ajouté qu'aucun signe à ce jour ne permettait de dire que le déstockage continuerait au quatrième trimestre, mais pas non plus qu'il céderait la place à un mouvement de restockage.

Aux Etats-Unis, principal marché de Legrand devant la France, le groupe a engagé un plan d'action pour contrer l'impact de la guerre commerciale entre Washington et Pékin.

Ce train de mesures passe par des hausses de tarifs, la relocalisation vers d'autres zones de production de certaines familles de produits fabriquées jusqu'ici en Chine et par des efforts de productivité.

"Notre objectif est de compenser l'impact des droits de douane et de le compenser intégralement", a déclaré Benoît Coquart, nouveau directeur général du groupe.

Le directeur financier a souligné de son côté que le groupe pourrait être aidé par l'impact éventuel d'une dévaluation du yuan face au dollar, si les autorités chinoises décidaient une telle mesure.

OBJECTIF RELEVÉ POUR LES VENTES, PAS POUR LA MARGE

Malgré ces vents contraires, le groupe s'est montré plus optimiste sur sa croissance organique annuelle qu'il attend désormais proche de 4%, soit le haut de la fourchette de son objectif précédent de +1% à +4%, grâce à la vague du digital et des objets connectés,

"Cela fait quelques années que nous n'avions pas enregistré une croissance organique de cet ordre", a ajouté Benoît Coquart.

Il s'agirait de la meilleure performance de Legrand depuis les +6,4% de l'année 2011.

Le groupe n'a en revanche pas modifié sa prévision annuelle de marge opérationnelle ajustée avant acquisitions, toujours attendue entre 20% et 20,5%.

Sur neuf mois, le chiffre d'affaires a progressé de 11,3% en données publiées, de 17,2% hors effets de changes et de 4,8% en données organiques, pour atteindre 4,44 milliards d'euros, légèrement en deçà du consensus Inquiry Financial pour Reuters qui donnait 4,45 milliards.

Fidèle à sa stratégie de croissance externe, Legrand a déjà engrangé pour l'année en cours 7,5 points de pourcentage de croissance supplémentaires grâce à quatre opérations ciblées, après 7,8 points de croissance avec six acquisitions l'an dernier.

"Nous restons très mobilisés et très actifs en terme d'acquisitions et notre pipeline est très dense, très nourri", a poursuivi le directeur général du groupe. "Nous avons bon espoir de conclure une transaction dans les mois qui viennent."

(édité par Benoît Van Overstraeten)

par Gilles Guillaume