PARIS (Reuters) - Atos ambitionne de doubler à l'horizon 2026 sa part de marché mondiale dans les supercalculateurs, a déclaré l'un de ses dirigeants à propos de cette activité dominée par les Etats-Unis et la Chine que la France cherche à renforcer en Europe.

Le groupe français spécialisé dans la "transformation digitale" a présenté mercredi un supercalculateur de nouvelle génération, le BullSequana XH3000, capable de réaliser jusqu'à un milliard d'opérations par seconde.

Doté d'une puissance de calcul jusqu'à six fois supérieure aux versions précédentes, cette machine conçue et fabriquée dans l'usine d'Atos à Angers (Maine-et-Loire) pourra contribuer à faire avancer la recherche dans des secteurs comme la découverte de nouveaux médicaments ou la prévision météorologique.

"C'est un châssis qui nous permet ensuite de mettre le moteur que l'on veut et de coupler les châssis entre eux pour transporter plus de charge", a expliqué Arnaud Bertrand, directeur stratégie et innovation pour le "Big Data" et la Cybersécurité.

Atos, a-t-il ajouté, se donne pour objectif de doubler sa part de marché mondiale dans les supercalculateurs, de 8% actuellement, au cours des trois à quatre prochaines années. Le groupe ne dévoile pas ses objectifs financiers pour cette activité.

Les poids lourds du secteur des supercalculateurs sont aujourd'hui l'américain Hewlett Packard Enterprise et le chinois Lenovo, a précisé Arnaud Bertrand. Parmi les autres concurrents figurent le chinois Sugon et le japonais Fujitsu.

Atos est le seul grand producteur européen de solutions HPC (calcul haute performance), une technologie considérée comme stratégique par la France et l'Union européenne, qui financent conjointement EuroHPC, une coentreprise entre plusieurs pays européens et des organisations privées.

EuroHPC est l'un des trois principaux clients d'Atos, avec le Commissariat français à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le gouvernement indien.

Les composants clés des supercalculateurs sont cependant toujours fabriqués en Asie et aux Etats-Unis. Selon Arnaud Bertrand, Atos souhaite relocaliser une partie de cette production en Europe.

"On ne peut pas demander l'autorisation à la Chine et aux Etats-Unis si on veut demain savoir quel va être l'impact sur le climat de l'activité humaine, si on veut développer les prochains médicaments, si on veut séquencer le génome", dit-il.

(Reportage Mathieu Rosemain; version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)

par Mathieu Rosemain